Il n'y en aura pas de facile pour les chefs du Parti québécois. Le timonier par intérim Stéphane Bédard a essuyé une sévère rebuffade de son caucus hier. Les deux députés qu'il souhaitait voir siéger au conseil exécutif du PQ se sont fait battre à une élection interne du caucus des députés, a appris La Presse hier soir.

«C'est clairement un message à Bédard», confie un élu en marge de la réunion du caucus péquiste en Beauce, un lac-à-l'épaule de deux jours dont la tenue n'avait pas été annoncée officiellement. Pris sur le fait, le PQ a décidé d'annoncer un point de presse officiel pour ce midi, à la clôture de la réunion.

La semaine dernière, à la veille d'une réunion exceptionnelle du conseil exécutif élargi du PQ à Laval, M. Bédard avait désigné Harold Lebel, nouvel élu de Rimouski et Nicole Léger, de Pointe-aux-Trembles, pour siéger désormais comme députés au conseil exécutif du parti. Deux des trois députés qui s'y trouvaient avant les élections s'étaient fait battre.

Or, cette décision unilatérale avait été bien mal accueillie par les députés; normalement, le caucus est appelé à se prononcer pour choisir ceux qui siègent au conseil exécutif. Les deux choix du chef Bédard étaient clairement dans la continuité du régime Marois - Lebel a été employé politique pendant des années, Mme Léger a toujours appuyé inconditionnellement Mme Marois.

Devant la grogne, l'entourage de M. Bédard avait soutenu par la suite que ces choix étaient temporaires, pour pourvoir les postes en vue de la réunion de Laval, et que le caucus serait appelé à se prononcer en bonne et due forme. Mais hier, les deux candidats du chef ont clairement été battus par leurs pairs. En lieu et place, les péquistes ont désigné Mathieu Traversy, député de Terrebonne, et Carole Poirier, d'Hochelaga-Maisonneuve, pour siéger au conseil exécutif.

Marois pensait rester un an

Cette tension s'ajoute aux frictions publiques de Jean-François Lisée et Bernard Drainville. Pour Lisée, son collègue aurait pu faire preuve de plus de transparence dans le dossier de la Charte des valeurs et des avis juridiques demandés pour l'étayer. Les députés apprennent aussi, surpris, que Pauline Marois et sa chef de cabinet Nicole Stafford, à la veille du scrutin, estimaient que Mme Marois pourrait rester en poste une année environ même si elle mordait la poussière le 7 avril. Sa défaite personnelle dans Charlevoix a cependant forcé le tandem à remiser son projet.

Autre source de récrimination, on n'accepte guère que Mme Marois ait entériné l'inscription d'un collaborateur plutôt récent, Marc-André Beaulieu, dans la courte liste qu'un premier ministre sortant peut remettre à son successeur. Beaulieu, proche de Mme Stafford, était réapparu au PQ il y a trois ans. Ce faisant, on laissait sur le carreau le directeur du PQ, Sylvain Tanguay, qui a annoncé sa démission sans perspective d'emploi. M. Tanguay était depuis des années le fidèle exécutant de Mme Marois, et l'iniquité du traitement qu'on lui a réservé fait grincer des dents.