Les jeunes libéraux veulent ressusciter le rapport Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables. Ils proposent au gouvernement de présenter un projet de loi qui définirait la laïcité ouverte et créerait l'Office québécois d'harmonisation interculturelle.  

Les jeunes libéraux s'inspirent de deux recommandations du rapport Bouchard-Taylor, rendu en 2008, que le gouvernement n'avait pas retenues. «Il faut avoir la sagesse et le courage de fixer des règles claires en matière de vivre-ensemble», a affirmé jeudi Émilie Nicolas, l'une des organisatrices du congrès des jeunes libéraux, qui aura lieu ce week-end.

Dans le cahier de propositions dévoilées en conférence de presse, l'aile jeunesse du PLQ fait valoir que «certaines ambiguïtés quant aux règles du vivre-ensemble préoccupent actuellement les Québécois. Peu de balises sont posées afin d'encadrer les pratiques d'harmonisation interculturelle, et la gestion des différends au cas par cas mène à des situations problématiques et à des conflits qui pourraient autrement être évités».

Ce sont précisément les critiques qu'a suscitées le projet de loi 94 sur les accommodements dans l'administration publique, présenté en mars 2010 mais au point mort depuis plusieurs mois.

Les jeunes libéraux approuvent le projet de loi, mais ils veulent que le gouvernement aille «plus loin», a dit leur présidente, Mariepier Isabelle. Selon Émilie Nicolas, l'Office québécois d'harmonisation culturelle pourrait donner des conseils aux citoyens, aux organismes hors de la fonction publique et aux entreprises pour gérer les demandes d'accommodement raisonnable. «Ça dépolitise grandement le débat et répond à la préoccupation exprimée dans le rapport Bouchard-Taylor sur la déjudiciarisation des pratiques interculturelles», a-t-elle ajouté.

Les jeunes libéraux placent le gouvernement Charest dans une situation embarrassante. Québec a toujours écarté l'idée de créer un tel office et de présenter un projet de loi sur la laïcité - un «livre blanc» - comme le recommandait le rapport Bouchard-Taylor. Il a déjà expliqué que ce livre blanc risquerait de provoquer un débat houleux qui n'est pas souhaitable.

Parmi les autres propositions, les jeunes libéraux suggèrent d'instaurer l'enseignement intensif du français en sixième année dans les écoles anglophones.