La Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ), avec à sa tête l'ancien ministre péquiste Francois Legault, propose de bonifier les salaires des omnipraticiens selon le nombre de patients qu'ils prennent en charge. Ce serait la solution pour garantir à tous les Québécois l'accès à un médecin de famille, estime la coalition.



Selon les deux fondateurs de la CAQ, François Legault et Charles Sirois, les quelque 8200 médecins actifs du Québec sont suffisants pour offrir les soins à la population. Mais la survie d'un réseau de santé universel au Québec passe obligatoirement par les soins de première ligne, disent-ils. En conséquence, les médecins devraient pratiquer en équipe, à l'intérieur d'un groupe de médecine de famille (GMF), et prendre en charge au moins 1000 patients pour bénéficier d'un salaire bonifié.

«On ne réussira jamais à avoir un réseau de la santé fonctionnel si tout le monde n'a pas accès à un médecin, a résumé M. Legault, en point de presse, mardi matin. Selon nous, cette mesure serait la meilleure pour désengorger les urgences. Puisque bien souvent les gens qui s'y présentent n'ont pas accès à un médecin.»

Afin de parvenir à mieux payer les médecins, on calcule qu'une enveloppe de 500 millions doit être dégagée. Une autre de 100 millions serait nécessaire pour le personnel infirmier et de soutien. Au lieu de gagner un salaire de 200 000$ par année, les omnipraticiens qui auraient 1000 patients et qui feraient de la garde à l'hôpital auraient donc droit à un salaire de 260 000$. Les autres devraient prendre en charge au moins 1500 patients pour mériter 60 000$ de plus.

Avec cette mesure, M. Legault croit que les Québécois auraient facilement accès à au moins trois visites chez le médecin par année, davantage pour les personnes âgées. «Il faudrait ouvrir des cliniques sept jours sur sept, jusqu'à 22 h, et prévoir un service la nuit. Par exemple, une infirmière pourrait répondre aux urgences.»

Agences et médicaments

La Coalition propose aussi de dégraisser le réseau de la santé, en abolissant les agences de santé, l'équivalent de 1000 postes.

Ainsi, les centres de santé et des services sociaux (CSSS) hériteraient de plus de pouvoirs, et les dirigeants seraient responsables du volume d'activités. Cela permettrait des économies de 100 millions, selon le tandem Legault-Sirois.

La Coalition propose enfin de diminuer les honoraires des pharmaciens en renouvelant les ordonnances sur une plus longue période (90 jours au lieu de 60), et en diminuant la durée des brevets sur les médicaments innovateurs (présentement de 15 ans).

«Actuellement, un renouvellement de prescription coûte 8,44$ par mois au Québec. En Ontario, les médicaments sont renouvelés aux trois mois au coût de 8,20$. Ce sont des économies, et je pense que beaucoup de gens seraient contents de ne pas avoir à retourner à la pharmacie tous les mois.»

Quant à la place du privé dans le réseau de la santé, M. Legault n'a pas voulu s'y aventurer, et a parlé de «statu quo.» Il affirme qu'il a consulté plusieurs ténors de la santé avant de pondre ses propositions sur la santé, dont la réalisation s'étalerait sur quatre ans, a-t-il dit.

Avant que le Parti québécois soit défait, en 2002, François Legault, alors ministre de la Santé, avait déposé un plan de relance de la santé qui prévoyait 160 millions pour créer 300 groupes de famille en cinq ans. Au total, M. Legault projetait d'investir 840 millions pour rehausser les soins de première ligne.