Le ministre de la Sécurité publique Ralph Goodale doit dévoiler aujourd'hui de nouvelles règles en matière de contrôle des armes à feu qui pourraient alimenter la grogne de députés libéraux représentant des circonscriptions rurales au pays et décevoir les survivants de fusillades qui pressent le gouvernement Trudeau de respecter ses promesses électorales.

Signe que l'on appréhende des tensions au sein des troupes libérales, comme c'est déjà survenu lors de la création du registre des armes à feu dans les années 90, le secrétaire parlementaire du ministre Goodale, le député Mark Holland, tiendra une conférence téléphonique ce matin avec les membres du caucus afin de les informer des grandes lignes des mesures envisagées par le gouvernement Trudeau, selon des informations obtenues par La Presse.

Depuis quelques semaines, les députés libéraux qui représentent des circonscriptions rurales ont exprimé leurs craintes de subir les foudres de leurs électeurs durant les prochaines élections fédérales, prévues en octobre 2019, si le gouvernement Trudeau resserre considérablement les règles en matière de contrôle des armes à feu.

En coulisses, toutefois, le premier ministre Justin Trudeau a fait savoir qu'il a l'intention de respecter ses engagements électoraux.

Durant la dernière campagne, le Parti libéral a promis de mettre en oeuvre un train de mesures pour resserrer le contrôle des armes à feu au pays à la suite de la décision de l'ancien gouvernement conservateur de Stephen Harper d'abolir le registre des armes à feu.

Si les libéraux ont affirmé ne pas avoir l'intention de créer un nouveau registre, ils ont tout de même promis d'imposer une vérification plus rigoureuse des antécédents de toute personne qui souhaite acheter une arme de poing ou une arme à feu à autorisation restreinte. Ils ont aussi promis d'exiger des vendeurs qu'ils tiennent un inventaire de leurs armes à feu et un registre de leurs ventes afin d'aider les corps policiers dans leurs enquêtes sur le trafic et autres crimes impliquant des armes. Ils ont également promis de mettre en oeuvre rapidement le règlement sur le marquage des armes à feu importées. Et ils se sont engagés à annuler les changements législatifs autorisant le transport d'armes prohibées ou à autorisation restreinte sans permis, entre autres choses.

Interrogée lundi, Nathalie Provost, l'une des survivantes de la fusillade survenue le 6 décembre 1989 à l'École polytechnique de Montréal qui a causé la mort de 14 femmes, a dit craindre que le gouvernement Trudeau ne respecte pas ses engagements.

«On est inquiets des échos qu'on a de la portée du projet de loi. On connaît les engagements du gouvernement libéral. Dans quelle mesure il va les respecter de manière cosmétique ou dans quelle mesure il va les adopter de manière à vraiment s'attaquer aux problématiques? C'est là où on est vraiment inquiets, surtout quand on entend que le caucus rural du Parti libéral manifeste déjà des réserves sur l'impact que cela peut avoir sur leurs votes», a dit lundi Mme Provost à La Presse.

Elle a dit espérer que le projet de loi comprendra un registre de vente d'armes. Ce registre est devenu caduc lors de la création du registre des armes à feu par le gouvernement libéral de Jean Chrétien en 1995. Avec l'abolition de ce registre par les conservateurs, «il n'y a plus rien qui permet de faire le lien entre une arme et son propriétaire».