Les étiquettes annonçant la présence, ou non, d'organismes génétiquement modifiés (OGM) dans les aliments ne sont pas près de se multiplier dans les épiceries canadiennes. Le projet de loi du député néo-démocrate Pierre-Luc Dusseault a été défait hier à Ottawa.

« Je ne suis pas surpris », confie Thibault Rehn, porte-parole du groupe Vigilance OGM, qui milite pour l'affichage obligatoire des OGM.

« Nous sommes vraiment déçus, poursuit-il. Justin Trudeau voulait diriger un gouvernement ouvert et transparent, et ce n'est visiblement pas le cas dans le dossier des OGM. Les Canadiens demandent l'étiquetage depuis 20 ans. »

Le projet de loi C-291 voulait modifier l'actuelle loi sur les aliments et drogues afin d'interdire la vente d'aliments génétiquement modifiés au Canada, à moins que l'étiquette du produit n'indique qu'il en contient.

Une forte majorité de 216 députés a voté contre le projet de loi, alors que 67 étaient favorables.

« Nous avons un accord commercial avec l'Europe qui impose l'étiquetage obligatoire. Nous devrions harmoniser nos lois avec celles de nos partenaires commerciaux », a indiqué Pierre-Luc Dusseault, député de Sherbrooke lors d'un entretien hier en journée, avant le vote. Le député néo-démocrate avait déjà tenté en juin 2016 de rendre l'étiquetage obligatoire, mais là encore, son projet avait été rejeté.

PROJET DE LOI AUX ÉTATS-UNIS

L'année dernière, le Vermont a été le premier État américain à adopter l'affichage obligatoire des OGM sur les aliments, ce qui a mené quelques fabricants à approuver cette mesure, notamment Campbell et Kellogg's. La loi du Vermont est entrée en vigueur le 1er juillet 2016... et a été illico invalidée par le gouvernement fédéral, qui plaidait qu'il voulait développer une stratégie nationale. Washington devrait déposer son projet de loi avant la fin de 2017, mais il sera fort différent de celui qui avait été adopté par le Vermont. Les fabricants devront mettre un numéro de téléphone ou un lien vers leur site sur les emballages. Les consommateurs curieux devront s'y rendre afin d'obtenir l'information désirée.

« C'est une grosse erreur de l'administration Obama, estime Richard Ouellet, professeur de droit international économique à l'Université Laval. En voulant améliorer les choses au niveau fédéral, elle a tué la loi du Vermont. »

AU CHOIX DES FABRICANTS

Pour le moment, l'industrie alimentaire, du Canada et des États-Unis, est libre d'indiquer si ses produits contiennent des OGM. Certains fabricants qui les ont exclus de leurs listes d'ingrédients affichent fièrement l'absence d'OGM sur leurs emballages, mais l'inverse ne se produit évidemment pas. Ce qui laisse les consommateurs dans l'ignorance et les prive d'un droit fondamental, celui de faire des choix éclairés, estime Richard Ouellet. « C'est un problème majeur, dit-il, car on prive les consommateurs d'une information de base. »