Justin Trudeau a été chahuté, mardi matin, alors qu'il se livrait à une séance de questions et réponses à un sommet de jeunes syndicalistes.

Le premier ministre devait se prêter à une entrevue devant une salle de quelque 400 jeunes travailleurs à cette réunion organisée par le Congrès du travail du Canada. On avait également prévu des questions de l'assistance.

Dès son arrivée sur scène, une quinzaine de jeunes se sont levés pour lui tourner le dos. Puis, ont fusé les slogans: «Respectez vos promesses» étant celui qui revenait le plus souvent.

M. Trudeau a tout de suite proposé qu'on prenne les questions de la salle plutôt que de suivre le scénario prévu. Mais il a tout de même cherché à faire la leçon à l'assistance.

«C'est un peu frustrant pour moi de venir ici, m'asseoir, m'attendre à vous écouter, à parler avec vous, et de voir une salle pleine de gens debout de manière à montrer qu'ils ne m'écoutent pas», a-t-il sermonné avant de reprocher aux protestataires de «fermer les oreilles et le coeur aux réponses possibles».

Ainsi, il a refusé de répondre à Dominic Leblanc qui citait le conflit de travail au Vieux-Port de Montréal et demandait au premier ministre pourquoi il n'y a pas de loi fédérale antibriseur de grève.

«Monsieur, si tu ne te retournes pas vers moi, je ne répondrai pas à ta question», a lancé le premier ministre.

Une employée d'une organisation environnementale, Sophie Birks, a accepté de faire face au premier ministre. Mais c'était pour lui servir un avertissement.

«Vous savez que si vous approuvez le pipeline (Kinder Morgan), vous allez nous perdre. Vous allez nous perdre en tant que jeunes, nous n'allons pas voter pour vous», a lancé la jeune femme.

À ça, M. Trudeau a offert sa réponse habituelle sur sa responsabilité de premier ministre de mener «nos ressources vers de nouveaux marchés». Il a, ensuite, clairement indiqué sa préférence pour les oléoducs comme moyen de transport. «Les pipelines, c'est moins dangereux que le rail pour l'environnement et pour les gens», a-t-il dit, rappelant l'accident de Lac-Mégantic.

«Je comprends les gens qui disent qu'ils ne veulent pas d'exportation de pétrole, qu'ils ne veulent pas d'économie basée sur les carburants fossiles, mais nous n'en sommes pas là encore», a-t-il plaidé.

«Pourquoi?», lui a-t-on lancé de la salle.

La confrontation s'est terminée au bout de 30 minutes, alors que plusieurs participants scandaient à nouveau «respectez vos promesses» et que le premier ministre leur répondait qu'il en avait bien l'intention.

«Continuez à me lancer des défis. (...) Je vais garder mes promesses. Je m'y engage devant vous. Je m'y suis engagé auprès des Canadiens. Et c'est comme ça qu'on m'a élevé», a conclu M. Trudeau en quittant la salle.

De retour au parlement, les néo-démocrates ont brandi les événements du matin comme preuve que les Canadiens - particulièrement les jeunes - commencent à «déchanter», après un an de pouvoir libéral. «Ils sont frustrés et ils ont beaucoup de regrets quand ils le voient aller. En matière de changement climatique, par exemple, M. Trudeau ne fait rien. Il a le plan de Stephen Harper», a critiqué Thomas Mulcair à son entrée aux Communes.