Le gouvernement libéral de Justin Trudeau fait le ménage dans les communications gouvernementales pour éliminer la « publicité partisane », mais rien n'indique qu'il dépensera moins à ce chapitre.

Le président du Conseil du Trésor, Scott Brison, a annoncé jeudi de nouvelles mesures de protection « intérimaires », qui prévoient notamment l'interdiction de toute publicité au sujet des initiatives du gouvernement qui n'ont pas encore été approuvées par le Parlement, ainsi que toute publicité gouvernementale dans les 90 jours précédant des élections générales à date fixe.

Le gouvernement de Stephen Harper avait été la cible de critiques pendant des années pour ses campagnes publicitaires « Plan d'action économique », habillées du bleu conservateur, qui mêlaient État et parti, information citoyenne et politique partisane, phrases-clés et slogans politiques. Les mêmes conservateurs avaient été élus en 2006 à la suite du « scandale des commandites » qui a poursuivi les libéraux fédéraux jusqu'aux dernières élections générales, en octobre 2015.

Les conservateurs ont dépensé 761,5 millions en publicités gouvernementales de 2006 jusqu'à mars 2015 - sans compter, donc, la flambée de campagnes pré-électorales de l'an dernier. Mais les libéraux ne suggèrent pas non plus qu'ils en feront moins. « Je ne veux pas m'avancer à dire ce qui serait approprié », a répondu M. Brison, jeudi.

La nouvelle politique de communications du gouvernement prévoit notamment une identité plus « neutre » du gouvernement fédéral - plus de « gouvernement Harper ». Elle interdira aussi l'utilisation des couleurs et des images de partis ou de politiciens dans les communications gouvernementales.

Les libéraux avaient promis en campagne électorale l'an dernier de créer un poste de commissaire à la publicité gouvernementale, au sein du bureau du Vérificateur général, pour surveiller les campagnes. Il a plutôt opté pour un organisme indépendant existant, Les normes canadiennes de la publicité, à qui il versera 65 000 $ par année pour surveiller toutes les campagnes gouvernementales.

Le ministre Brison a indiqué qu'il avait demandé au Vérificateur général de surveiller cette réforme et que ses conclusions serviront à rédiger le projet de loi qui enchâssera éventuellement les modifications annoncées jeudi.

Janet Feasby, vice-présidente aux Normes canadiennes de la publicité, a indiqué en entrevue que son organisme prévoit évaluer chaque année entre 50 et 60 publicités gouvernementales, dans les deux langues officielles, à ses bureaux de Montréal et Toronto. L'analyse se fera en deux étapes : d'abord à la conception, puis avant la diffusion.

La publicité politique n'est pas du ressort de l'organisme que s'est donné l'industrie pour s'autoréguler, mais Les normes canadiennes de la publicité reçoivent déjà depuis quelques années de plus en plus de plaintes de citoyens.

Jonathan Rose, spécialiste des communications politiques à l'Université Queen's, a salué les mesures annoncées jeudi. Il souhaiterait cependant que la tâche confiée aux Normes canadiennes de la publicité soit éventuellement donnée à une agence publique qui relèverait directement du Parlement.