Les militaires canadiens affectés à la formation des forces de sécurité en Irak, présents jusqu'ici dans la région autonome du Kurdistan, au nord, pourraient très bien être déployés aussi dans le sud du pays, a admis mercredi le ministre de la Défense nationale.

Le gouvernement conservateur de Stephen Harper avait déployé les instructeurs militaires canadiens dans le nord de l'Irak, auprès des forces kurdes, qui font preuve d'une grande opiniâtreté dans la lutte contre le groupe armé État islamique. Le ministre Harjit Sajjan a indiqué mercredi en entrevue à La Presse Canadienne que le Canada déploierait dorénavant ses instructeurs militaires là où ils sauraient être les plus utiles à la coalition menée par les États-Unis.

Le nouveau gouvernement libéral étudie toujours les divers scénarios qui s'offrent à lui pour faire suite au retrait des deux avions chasseurs CF-18 canadiens dans la région, annoncé en campagne électorale et réitéré plus tard par le premier ministre Justin Trudeau - même après les attentats de vendredi dernier à Paris et la déclaration de «guerre» du président François Hollande contre l'ÉI.

En lieu et place des chasseurs bombardiers, les libéraux ont promis d'accroître le nombre d'instructeurs militaires canadiens en Irak. Ottawa discute présentement avec ses alliés de la coalition pour déterminer dans quelles régions les instructeurs canadiens pourraient être les plus utiles, a indiqué le ministre Sajjan. Le gouvernement n'écarte pas la possibilité d'un déploiement de militaires de l'armée de terre conventionnelle ou l'envoi d'instructeurs dans le sud de l'Irak.

«Je suis ouvert à toutes les options», a indiqué le ministre, lieutenant-colonel à la retraite des Forces armées canadiennes qui a été déployé trois fois à Kandahar, en Afghanistan, et une fois en Bosnie-Herzégovine, à titre d'officier de réserve. «Je tente de déterminer à quel endroit le Canada pourra contribuer de façon significative à la lutte de la coalition - pas seulement dans la perspective des Kurdes ou de l'Irak.»

Le ministre Sajjan a été par ailleurs très prudent quant à une éventuelle participation des instructeurs militaires canadiens dans des missions terrestres, avec leurs élèves, comme on l'avait vu en Afghanistan. Il a simplement indiqué que les Irakiens et les Kurdes devaient d'abord apprendre les rudiments militaires avant de songer à effectuer des missions  avec leurs instructeurs.

Des membres des Forces spéciales canadiennes et des soldats de l'armée de terre américaine sont parfois présents au front en Irak; deux militaires - un Canadien et un Américain - y ont d'ailleurs laissé leur vie. Des observateurs croient que les membres de la coalition devront bien un jour - et même bientôt - accompagner leurs élèves irakiens sur les champs de bataille.

D'autre part, le ministre Sajjan n'a pas voulu s'avancer immédiatement sur les effectifs déployés ou l'échéancier.

Il se dit confiant, cependant, que les Canadiens sauront vaincre les tensions sectaires au sein des forces de sécurité irakiennes, des divisions qui ont miné les efforts des Américains, selon lui. Les Canadiens, grâce à leur feuille de route, réussiront à gagner la confiance et le respect de leurs élèves irakiens, croit le ministre. «Nous possédons l'expérience nécessaire pour gérer» de telles dissensions, a-t-il estimé.