Le premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk sera à Ottawa, mardi, pour s'entretenir avec Stephen Harper sur les réformes politiques et économiques qu'il tente d'implanter dans son pays.

Un communiqué du bureau du premier ministre du Canada affirme que cette visite permettra de «réaffirmer la relation étroite» entre leurs deux pays et de «discuter des moyens» pour approfondir ces liens.

MM. Iatseniouk et Harper discuteront plus précisément de la situation en Crimée - qui a été annexée à la Russie il y a un an - , et des «moyens pour renforcer les liens économiques entre le Canada et l'Ukraine».

«Il me tarde d'accueillir le premier ministre Arseni Iatseniouk dans le cadre de sa première visite officielle au Canada afin de discuter du travail à effectuer pour faire croître nos économies et renforcer la sécurité de l'Ukraine devant l'agression constante du régime Poutine», a déclaré M. Harper par voie de communiqué.

La dernière rencontre des deux dirigeants date du début du mois de juin, tout juste avant le sommet des pays du G7. M. Iatseniouk avait alors demandé à son homologue canadien d'exhorter ses alliés à offrir une aide militaire létale pour que l'Ukraine puisse se défendre contre les séparatistes prorusses de l'est du pays.

La visite du premier ministre ukrainien survient alors que son pays devrait annoncer bientôt qu'il ne pourra pas honorer ses dettes à ses créanciers privés.

La situation de l'Ukraine est très différente de celle de la Grèce, qui est financée par des organisations publiques telles que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque centrale européenne.

Des négociations sur une restructuration de la dette ukrainienne sont en cours. En théorie, le pays doit rembourser d'ici le 24 juillet une somme de 120 millions $ US à des détenteurs privés d'obligations. Les Ukrainiens ne voudraient rembourser que la moitié de ce montant aux investisseurs.

Les parlementaires ukrainiens ont adopté une loi permettant au président Petro Porochenko de suspendre le paiement des dettes aux créanciers privés étrangers alors que le pays réaménage sa dette, qui représente 95 pour cent de son produit intérieur brut (PIB). Plusieurs observateurs, dont le FMI, ont décrit la situation comme étant «insoutenable».

Le ministre canadien de la Défense, Jason Kenney, se dit optimiste sur la possibilité que l'Ukraine évite un défaut de paiement.

«Nous espérons que cela n'arrivera pas. Nous avons aidé l'Ukraine à stabiliser sa situation monétaire avec le FMI. L'élément le plus important, pour l'Ukraine, est de faire croître son économie et c'est pour cela qu'elle a besoin de stabilité», a-t-il confié lors d'un entretien récent avec La Presse Canadienne.

Il a rappelé que le gouvernement Harper tentait de conclure une entente de libre-échange avec le pays, qui aurait déjà mis en place des réformes. «Contrairement à la Grèce, l'Ukraine fait effectivement des efforts pour adopter des réformes. Ils en paient le prix politique», a-t-il souligné.