Le ministre fédéral de l'Immigration a qualifié mercredi de «scandaleuse et d'irresponsable» la décision de l'Ontario qui, comme le Québec, a choisi d'offrir des soins de santé aux demandeurs d'asile après qu'Ottawa leur eut coupé les vivres.

Le message envoyé par Chris Alexander au gouvernement ontarien semble être valable pour les autres provinces qui ont fait de même.

«Cela fait du Canada, et plus spécifiquement de l'Ontario, un aimant pour les faux demandeurs d'asile», a-t-il lancé.

«C'est injuste pour les contribuables», a ajouté le ministre Alexander, ajoutant que des Canadiens âgés «attendent derrière eux» pendant ce temps.

Le ministre a tenu ces propos mercredi alors qu'il avait organisé un point de presse, à Toronto, pour vanter les résultats des divers volets de la réforme du système de réfugiés. Elle aurait permis de réaliser des économies de plus de 600 millions $, a-t-il affirmé, en plus d'accélérer le traitement des demandes.

Il dit avoir exprimé sa déception à la ministre ontarienne de la Santé, Deb Matthews, dont le gouvernement offre des soins de santé même aux réfugiés qui ont vu leur demande refusée et qui attendent leur appel à un tribunal ou encore leur déportation.

«Les contribuables ontariens décideront éventuellement quelle vision ils préfèrent», a même lancé le ministre Alexander.

«Lorsqu'il est question de notre réforme gouvernementale du système de réfugiés, il n'y a pas de place au désaccord», a-t-il fermement déclaré.

L'initiative de l'Ontario est d'accorder tous les bénéfices de la couverture de santé de la province, et même au-delà, à de faux demandeurs d'asile et à ceux dont la demande a été rejetée, a-t-il expliqué.

«À notre avis, c'est scandaleux, c'est irresponsable, c'est une mauvaise pratique parce que cela va attirer des gens qui vont essayer de déjouer le système malgré le succès de notre réforme qui a réussi à diminuer les abus», a-t-il ajouté.

La province de Québec aussi a temporairement décidé de payer elle-même pour que les demandeurs de statut de réfugié reçoivent des soins de santé.

Mais contrairement à l'Ontario, le gouvernement québécois n'a pas annoncé son intention de refiler la facture à Ottawa.

Québec est en train de réaliser des travaux à ce sujet et n'a pas encore décidé ce qu'il allait faire de ces coûts supplémentaires pour son système de santé, a indiqué au début du mois une porte-parole du cabinet du ministre de la Santé, Réjean Hébert.

Ottawa a dévoilé sa réforme en immigration en février 2012. Le fédéral assure qu'elle vise notamment à éliminer les demandes de réfugiés frauduleuses tout en accélérant l'aide aux réels demandeurs d'asile.

Cette réforme globale des règles s'est accompagnée de modifications aux soins de santé offerts aux réfugiés.

Ainsi, avec les changements proposés par Ottawa au programme fédéral de santé intérimaire (PFSI) - qui prend en charge les demandeurs d'asile - certaines catégories d'entre eux n'auront plus accès aux services de santé de base et aux médicaments dont ils ont besoin. Ils verront leurs soins couverts uniquement s'ils sont jugés urgents ou indispensables. Finis aussi les soins dentaires et de la vue, ainsi que les fauteuils roulants et prothèses.

De nombreux professionnels de la santé ont dénoncé les changements qu'ils qualifient d'«inhumains» et des groupes de médecins contestent en Cour fédérale la réforme.

L'Alberta, le Manitoba, la Saskatchewan et la Nouvelle-Écosse ont aussi décidé d'offrir une certaine couverture de soins aux réfugiés après qu'Ottawa eut décidé de les abolir.