Le gouvernement conservateur s'était engagé à moins voyager au lendemain de la crise économique de 2008, mais le bureau du premier ministre affirme aujourd'hui que la récession l'a au contraire poussé à se rendre aux quatre coins du pays pour vendre son plan de relance.

«Alors que les Canadiens traversaient la crise économique mondiale au cours des dernières années, le premier ministre et les ministres ont assumé la responsabilité d'expliquer aux Canadiens notre Plan d'action économique pour contrer cette crise en se rendant partout au pays», a indiqué Carl Vallée, attaché de presse adjoint au cabinet de Stephen Harper. Il a toutefois été impossible de savoir pourquoi le gouvernement a tenu à le «vendre» en personne.

La Presse a révélé hier que le coût des voyages faits par les ministres fédéraux avait augmenté depuis novembre 2008, alors que le ministre des Finances Jim Flaherty leur avait pourtant demandé de freiner la cadence. «Nous ordonnons aux ministres et aux sous-ministres de chacun des ministères et organismes de limiter leurs dépenses de déplacement», avait-il lancé lors de sa mise à jour économique de novembre 2008. Il avait ajouté que «nous ne pouvons demander aux Canadiens de se serrer la ceinture en cette période difficile sans d'abord faire notre propre examen».

Aujourd'hui, le cabinet du ministre Flaherty juge néanmoins justifié que lui-même ait augmenté ses frais de voyage. Au lendemain de la crise d'octobre 2008, «l'importance des réunions du G7, du G8, du G20, du FMI et de l'OCDE s'est grandement accrue, afin de trouver des solutions aux défis économiques mondiaux. Avoir un acteur comme le ministre des Finances pour représenter le Canada lors de ces réunions permet d'avancer et de protéger les intérêts du pays au lieu d'être sans voix à la table», a justifié Mary Ann Dewey-Plante, attachée de presse du ministre Flaherty.

L'opposition à Ottawa condamne ce qu'elle décrit comme un double discours du gouvernement conservateur. «[Jim] Flaherty a l'attitude «faites ce que je dis, pas ce que je fais. Les compressions, se serrer la ceinture, c'est bon pour les autres; nous, on va continuer à dépenser»», a déploré le député néodémocrate Alexandre Boulerice, critique au Conseil du Trésor.

«Les spectacles à grand déploiement que le premier ministre fait dans le Nord en cette période où on demande des compressions à tout le monde, est-ce la meilleure chose à faire?», a-t-il ajouté.

Le Parti libéral du Canada a lui aussi sévèrement écorché les frais de dépenses du gouvernement Harper. «Ils exigent de la fonction publique de réduire les dépenses, mais il est clair qu'ils font preuve de moins de discrétion quand ils arrivent aux leurs, a déploré Daniel Lauzon, attaché de presse du chef libéral Bob Rae. Ils ne prêchent pas l'exemple.»

Même si leurs dépenses ont augmenté, les conservateurs affirment qu'ils voyagent tout de même trois fois moins que leurs prédécesseurs libéraux.