Le Canada a du pain sur la planche s'il veut restaurer sa relation diplomatique avec les Émirats arabes unis, croit le ministre de la Défense nationale, Peter MacKay.



 

Le petit pays de la péninsule arabique a récemment expulsé les militaires canadiens du camp Mirage, point de chute logistique de la mission en Afghanistan, à l'issue d'une dispute commerciale.

Or, la décision du gouvernement fédéral de refuser à deux compagnies aériennes émiraties d'offrir davantage de vols vers le Canada semble avoir déplu au ministre MacKay, et causé une division au sein des troupes conservatrices.

Mercredi, alors que les députés et ministres étaient réfugiés sur le terrain en face du parlement en raison d'une alerte d'incendie, un journaliste d'une radio anglophone, Daniel Proussalidis, aurait entendu une conversation entre M. MacKay, le ministre des Finances, Jim Flaherty, et le sénateur Michael Meighen.

M. Proussalidis raconte sur son blogue que le ministre MacKay, coiffé d'une casquette «Fly Emirates», à l'effigie de la plus importante compagnie aérienne du pays, aurait mentionné à ses collègues conservateurs qu'il faudra probablement 10 ans pour rebâtir la relation privilégiée qui permettait aux militaires canadiens d'utiliser gratuitement la base militaire de camp Mirage.

M. MacKay aurait, selon le journaliste, laissé entendre qu'il déplorait la décision du gouvernement, qui serait imputable au leader du gouvernement, John Baird.

Interrogé par les journalistes quelques minutes avant de partir pour Lisbonne, où se tient cette semaine le sommet de l'OTAN, Peter MacKay n'a pas nié avoir tenu les propos qui lui sont attribués. «Je ne commente pas les conversations privées», s'est-il contenté de dire.

«Évidemment, les circonstances dans lesquelles nous avons quitté la base vont nécessiter du travail pour réparer la relation avec les Émirats arabes unis», a ajouté M. MacKay.

En chambre, M. Baird a défendu la décision du gouvernement, répondant aux salves de l'opposition.

«La proposition qui était sur la table ne représentait pas un bénéfice net pour le Canada et ne pouvions pas l'accepter. Nous prenons nos décisions dans le plus grand intérêt des contribuables canadiens», a rétorqué le leader du gouvernement en Chambre, refusant de commenter les propos de son collègue, ministre de la Défense.

«Mauvaise gestion»

«La mauvaise gestion de ce dossier avec les Émirats arabes unis a causé un tort considérable aux relations du Canada avec cet allié de la guerre contre le terrorisme. Le ministre de la Défense a dit que ça prendrait 10 ans pour réparer les dommages causés par le leader du gouvernement, a lancé le député libéral Ralph Goodale. À cause des mauvais conseils donnés par le leader du gouvernement, le Canada a été expulsé du camp Mirage, et les contribuables canadiens sont pris avec une facture de 300 millions de dollars qui aurait pu être évitée.»

Il n'est pas étonnant, selon lui, que le ministre de la Défense «parade» avec une casquette de Fly Emirates et qu'il «négocie un futur emploi avec une firme d'avocats», a dit M. Goodale, en référence aux rumeurs selon lesquelles M. MacKay serait en pourparlers avec un cabinet d'avocats de Toronto pour un futur emploi.

«M. MacKay se sent exclu de la décision, il a été mis à l'écart à la faveur du ministre Baird. Et M. Baird semble être fier du gâchis qu'il a créé dans ce dossier. Alors si M. MacKay cherche un emploi ailleurs, on comprend ça», a ajouté le critique libéral en matière de défense nationale, Dominic Leblanc.

Le ministre MacKay a démenti la semaine dernière les rumeurs de son départ de la scène politique.