Le ministre de la Justice, Rob Nicholson, a l'intention de s'attaquer aux crimes à caractère sexuel sur l'internet.

Le ministre a annoncé en point de presse qu'il déposerait un projet de loi jeudi pour augmenter les peines qui sont déjà prévues pour ce genre de crimes et pallier à certaines lacunes du Code criminel.

«On nous a fait remarquer que certaines activités n'étaient pas régies par le Code criminel, et nous avons l'intention de remédier à la situation avec les mesures législatives que nous présenterons demain (jeudi)», a expliqué le ministre, en point de presse à sa sortie de la réunion du caucus conservateur, mercredi.

La proposition du gouvernement fédéral créera aussi deux nouvelles offenses visant à mettre fin à la sollicitation sexuelle et à protéger les enfants, qui seront liées de près ou de loin aux activités sur l'internet.

Le ministre Nicholson n'a toutefois pas élaboré davantage, puisque la proposition ne sera pas présentée aux Communes avant jeudi.

M. Nicholson a plaidé que l'exploitation sexuelle des mineurs était un problème grandissant au Canada, particulièrement sur l'internet. Son bureau a par la suite souligné, par courriel, qu'un nombre estimé à 5 millions d'images de sévices sexuels sur des enfants se retrouvaient sur la toile et que la plupart des victimes étaient âgées de moins de 12 ans.

Le ministre Nicholson a par ailleurs ajouté sa voix au concert de critiques qui se sont opposées aux petites annonces à caractère sexuel publiées sur le site d'annonces en ligne Craigslist.

Le ministre a envoyé à son tour une lettre à l'entreprise américaine, cette semaine, afin de lui demander de retirer les annonces de services érotiques de ses sites canadiens. M. Nicholson craint que ce type d'offres encourage l'exploitation des enfants et le trafic d'êtres humains.

Comme Craigslist a accepté de retirer les annonces de ses sites américains, le ministre estime que la compagnie pourra faire de même pour son marché canadien.

«Je suis certain que le motif pour retirer ces annonces de vos sites web canadiens est tout aussi pressant que celui qui a mené à votre décision concernant vos sites web américains», a souligné le ministre dans sa missive envoyée au directeur général de la compagnie, Jim Buckmaster.

Craigslist, dont le siège social est situé en Californie, sait maintenant qu'il s'agit d'une priorité pour le gouvernement canadien que d'éliminer ce type d'annonces et devrait donc obtempérer, a estimé M. Nicholson.

Les provinces de l'Ontario et du Manitoba se sont déjà opposées aux annonces.

La députée conservatrice Shelly Glover a pour sa part fait valoir que son gouvernement s'attaquait particulièrement aux nouveaux médias car le Code criminel ne s'y est pas encore attardé.

«Alors notre gouvernement est déterminé à rattraper le retard en matière de nouvelles technologies et de rendre le Code criminel clair: nous ne permettrons pas que ces choses-là arrivent et vous serez tenus responsables si vous commettez des crimes sexuels contre nos enfants», a argué cette ancienne policière du Manitoba.

Le ministre de la Justice a quant à lui indiqué que, contrairement aux journaux qui publient aussi des petites annonces à caractère sexuel, Craigslist ne fait pas de travail de rédaction et ne compte pas de règles en la matière.