Un comité parlementaire demandera à Helena Guergis de s'expliquer, mais on ignore toujours si l'ex-ministre d'État du cabinet Harper acceptera l'invitation.

Aucune date n'a été établie pour le témoignage de Mme Guergis devant le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires.

«Nous la consultons afin de trouver le moment idéal pour qu'elle livre son témoignage», a confié Marc-Olivier Girard, un membre du comité, vendredi.

L'avocat de Mme Guergis, Howard Rubel, a refusé de commenter la situation à La Presse Canadienne, bien que sa cliente ait déjà réfuté les allégations de conflits d'intérêts.

Mme Guergis a déclaré qu'elle n'avait rien fait de mal en suggérant à un haut dirigeant municipal de reluquer une entreprise responsable de l'enfouissement des déchets dans son comté de l'Ontario.

Un article paru dans le quotidien Toronto Star allègue que Mme Guergis avait écrit à son cousin l'automne dernier, alors qu'il occupait un poste municipal important dans le comté de Simcoe, pour qu'il s'intéresse à Wright Tech Systems, une entreprise privée.

À l'époque, son mari, Rahim Jaffer, et l'homme d'affaires torontois Nazim Gillani prévoyaient transformer leur entreprise en société à capital ouvert pour la somme d'un milliard de dollars, a précisé le Toronto Star.

Un courriel du bureau de Mme Guergis établissait clairement qu'elle était au courant que M. Wright avait «brièvement» discuté de l'entreprise avec M. Jaffer.

Mme Guergis a indiqué qu'elle avait écrit cette lettre pour appuyer l'entreprise de M. Wright après s'être assurée que «son mari n'avait absolument aucun lien d'affaires ou d'intérêts financiers dans l'entreprise de M. Wright».

On peut lire dans le courriel qu'«il n'y a absolument rien d'illégal ou de déplacé dans la rédaction d'une lettre d'appui à un individu et à son entreprise, dans laquelle (moi) ou un membre de (ma) famille n'a aucun intérêt, financier ou quelconque».

Le comité a aussi invité M. Jaffer, et son partenaire d'affaires, Patrick Glemaud, à se présenter devant lui le 21 avril.

Des invitations ont aussi été lancées à M. Gillani et à son associé, l'ancien joueur de la LCF Mike Mihelic, pour le 28 avril.

M. Girard a précisé que les députés sauront la semaine prochaine si les quatre hommes témoigneront. S'ils refusent, le comité pourra alors les forcer à le faire.

Entre temps, la commissaire fédérale aux conflits d'intérêts et à l'éthique a été invitée à enquêter sur des allégations visant Mme Guergis, qui aurait été placée en conflit d'intérêts après avoir fait la promotion d'une entreprise liée à son mari.

La députée démocrate Libby Davies a demandé à Mary Dawson d'enquêter afin de déterminer si Mme Guergis avait utilisé son titre afin d'influencer un dirigeant municipal au profit de M. Jaffer.

Les députés fédéraux ne peuvent faire cela en vertu de la Loi fédérale sur les conflits d'intérêts.

«C'est frustrant, et même ahurissant de voir qu'ils ne prennent pas ces enjeux sérieusement, d'essayer de comprendre pourquoi ils ne les suivent pas correctement et donc...nous espérons que la commissaire, maintenant qu'elle a reçu des plaintes, enquête dans le dossier», a dit Davies.

«Nous souhaitons que la Gendarmerie royale du Canada enquête également. Ce que je veux dire, c'est que nous devons tirer les choses au clair. Je crois que les Canadiens ont le droit de savoir.»

Le premier ministre Stephen Harper a expulsé Mme Guergis de son cabinet la semaine dernière à la suite d'allégations obscures, mais cette dernière a insisté pour dire qu'elle n'avait rien fait de mal.