Les réactions n'ont pas tardé après l'annonce du décès de Jean Lapierre, tous saluant la mémoire de l'ex-politicien et chroniqueur.

« C'est une tragédie épouvantable », a réagi le premier ministre du Québec Philippe Couillard lors d'une mêlée de presse à Saguenay, mardi après-midi.

«Tu étais aimé et admiré. Merci pour tout ce que tu nous as donné, Jean Lapierre », a écrit Philippe Couillard sur Twitter.

« C'est une grande perte pour le Québec, a pour sa part commenté le chef péquiste Pierre Karl Péladeau. Jean Lapierre, c'est un homme qui avait toujours déployé des efforts considérables, qui avait un enthousiasme et une passion, la politique. Son accessibilité, c'est ce qui faisait sa force. Il rejoignait un très large public. Le monde politique est orphelin de quelqu'un qui savait tenir un discours accessible et qui était en mesure d'avoir le plus grand des impacts. »

« Cette tragédie est d'une tristesse infinie et les mots me manquent pour décrire le chagrin ressenti par Isabelle et moi lorsque nous avons appris la nouvelle, a déclaré le chef caquiste François Legault par voie de communiqué. Jean Lapierre était un grand Québécois avec des qualités professionnelles et personnelles exceptionnelles. Sa bonne humeur et sa joie de vivre étaient littéralement contagieuses.»

«Pour celles et ceux qui gravitaient dans le monde politique et médiatique, Jean Lapierre était bien plus qu'un redoutable commentateur : il était un confident, une oreille attentive, un compagnon de tous les jours. Tout le monde parlait à Jean Lapierre et Jean Lapierre parlait à tout le monde. Je n'arrive pas à croire qu'on n'entendra plus ses fameux "Salut, salut!" dès les petites heures du matin. La politique québécoise ne sera plus jamais la même. »

Justin Trudeau « ébranlé »

Le premier ministre Trudeau, réagissant sur Twitter au décès du chroniqueur Jean Lapierre, s'est dit ébranlé par cette « grande perte pour le monde politique ».

« Je pense à plusieurs moments avec Jean - des discussions franches et des entrevues corsées. Tu resteras toujours dans ma mémoire #SalutSalut », a écrit le premier ministre sur son compte, terminant son message avec le salut caractéristique de l'ancien politicien.

L'ex-premier ministre Paul Martin s'est aussi souvenu avec beaucoup d'émotion de Jean Lapierre, qu'il est lui-même allé chercher dans les années 2000 pour qu'il revienne en politique fédérale et devienne son lieutenant du Québec.

« Pour lui, ce n'était pas du travail. Il aimait les Canadiens, les Canadiennes, il aimait les Québécois, les Québécoises... Il aimait aussi vraiment les débats, les grands débats de l'heure. Il participait comme ministre et il participait comme journaliste. Et je pense que chacun de nous, on apprenait de lui », a-t-il déclaré.

En marge d'un discours à Ottawa, M. Martin a raconté qu'ils se voyaient assez souvent dans les Cantons-de-l'Est, où leurs familles ont chacun une résidence, et que la dernière fois remonte à il y a à peine deux semaines. « Pour moi, la politique était finie. Lui il disait que la politique était finie, mais je l'écoutais tout le temps et lorsqu'il parlait, c'est clair qu'il connaissait ses sujets en profondeur », a indiqué M. Martin.

« Pour moi, c'est un grand ami - c'était un grand ami. »

L'ancien chef bloquiste Gilles Duceppe, compagnon d'armes de M. Lapierre aux premières heures du Bloc québécois, a confié avoir parlé à M. Lapierre pas plus tard que lundi.

Il se souvient d'un politicien « combatif, passionné et généreux », avec qui il a adoré visiter les Îles-de-la-Madeleine en vacances, par le passé.

« Il avait certainement le meilleur réseau de contacts que l'on puisse imaginer, à travers le Québec, dans tous les secteurs, que ce soit du côté patronal ou syndical. Il connaissait tout le monde, Jean Lapierre », a-t-il dit.

« L'injustice lui puait au nez »

Le maire de Montréal Denis Coderre était ému, attristé par la mort de Jean Lapierre, un ex-collègue en politique fédérale, mais surtout un ami à qui il parlait régulièrement.

« Il était un épicurien, un passionné, pour certains il était un confident, un ami, une bonne oreille. Il donnait toujours l'heure juste, a déclaré Denis Coderre. Il avait le coeur sur la main et l'injustice lui puait au nez [...] L'ampleur de la tragédie me bouleverse. »

Son ancienne collègue Liza Frulla, qui a notamment servi dans le cabinet de Paul Martin à ses côtés, s'est dit « sous le choc ».

En entrevue, elle a indiqué que ses pensées allaient d'abord à la mère de M. Lapierre, qui en plus de perdre un mari, vient de perdre des enfants.

L'ancienne ministre du Patrimoine se rappellera de M. Lapierre comme un homme « de bonne humeur, gai, positif ».

« Ce qu'on voyait de Jean Lapierre, ce qu'on a connu dans les médias, c'était lui, c'était exactement le même Jean Lapierre sur le plan privé », s'est-elle souvenue.

« Un homme du peuple » 

Mario Dumont connaissait Jean Lapierre depuis 26 ans. Pour lui, son collègue et ami était avant tout « un homme du peuple ». 

« Il aidait la population à mieux comprendre les enjeux politiques. Il était en contact avec le monde, il n'a d'ailleurs jamais connu la défaite en campagne électorale. Plus tard, quand il est revenu [dans les médias], il prenait un malin plaisir à écouter ce que les gens avaient à dire sur les politiciens », a expliqué l'animateur de LCN à La Presse. 

« Ça fait 26 ans que je le connais. Au début, il était député libéral. C'était à l'époque de la création du Bloc québécois. Il ne voulait pas que le parti soit trop associé au Parti québécois et cherchait des nationalistes pas péquistes à Québec. Moi, j'étais chez les jeunes libéraux. Je répondais à cette définition », a poursuivi l'ancien politicien. 

« Aujourd'hui, tout le monde louange le chroniqueur politique. Il était le chroniqueur le plus influent au Québec. En terme d'impact, certainement, mais aussi au nombre des tribunes qu'il avait. Tout le monde appréhendait ce que Lapierre avait à dire, tous les matins », a conclu M. Dumont, dont la chronique de demain matin dans Le Journal de Montréal sera consacrée à Jean Lapierre. 

« Tout le Québec est en deuil »

Le chef adjoint du Parti conservateur, Denis Lebel, a parlé d'un homme « authentique » qui avait su demeurer humble malgré sa popularité.

« Jean prenait le temps d'écouter les gens. Il aurait pu, avec sa notoriété, se débrancher un peu, mais pas du tout. Il était très près des Québécois et aimait avoir le pouls de la population », a-t-il confié en entrevue téléphonique.

« Aujourd'hui, tout le Québec est en deuil », a-t-il laissé tomber à l'autre bout du fil.

Pour le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair, le départ de Jean Lapierre laissera « un grand vide dans le quotidien des hommes et des femmes politiques, tous partis confondus », ainsi que pour le public.

« Nous nous ennuierons des chroniques hautes en couleur de ce communicateur né, qui, plus souvent qu'autrement, réussissait à dicter l'enjeu politique du jour », a-t-il écrit dans un communiqué.

Les réactions ont également été nombreuses sur les réseaux sociaux.

« Mes condoléances aux proches de Jean Lapierre, grand chroniqueur politique. Jean, ton analyse fine et ton aplomb nous manqueront », a écrit sur Twitter la ministre du Patrimoine, Mélanie Joly.

« Profondément attristé par les nouvelles du décès de mon ami Jean Lapierre dans un accident d'avion au Québec. Vraiment bouleversant », a pour sa part écrit l'ancien chef intérimaire du Parti libéral, Bob Rae, sur le même réseau social.

- Avec Tommy Chouinard, Hugo de Grandpré, Audrey Ruel-Manseau, La Presse Canadienne