Afin que les producteurs de fromages québécois soient bel et bien dédommagés pour l'arrivée de produits européens après la finalisation de l'accord de libre-échange avec l'Europe, la première ministre Pauline Marois promet de «talonner» Ottawa.

Mme Marois a fait part de cet engagement, jeudi, après avoir livré un discours à saveur économique à la Chambre de commerce de Gatineau.

Elle a souligné que l'accord de libre-échange ne sera pas en vigueur avant quelque temps. Les discussions ne doivent toutefois pas traîner, croit-elle.

«J'espère qu'ils (les responsables du dossier au fédéral) vont se bouger pour que nous nous entendions le plus rapidement possible», a-t-elle dit.

«Et on va talonner Ottawa tant que ce ne sera pas fait», a ajouté la première ministre.

L'accord de principe conclut entre le Canada et l'Union européenne l'automne dernier va permettre à encore plus de fromages de France et d'Espagne, notamment, de trouver leur place sur les tablettes des épiceries au pays. Ils vont ainsi concurrencer les produits québécois comme jamais auparavant.

Mme Marois a fait savoir en décembre que l'Assemblée nationale n'adoptera pas l'accord de libre-échange avant que le dossier de la compensation des producteurs de fromage ne soit réglé.

Stephen Harper a promis de dédommager les fromagers de la province pour cette invasion dans leur marché puisque leurs ventes vont en souffrir. Mais le montant et les modalités de l'aide restent à négocier.

Mme Marois a rappelé qu'elle a la parole de M. Harper que ces producteurs ne seront pas laissés en plan. «Il a pris la peine de me parler personnellement», a-t-elle souligné pour démontrer le sérieux des discussions à ce sujet.

«Moi, j'attends les résultats», a-t-elle conclu.

L'Union des producteurs agricoles estime que la concurrence européenne (avec des quotas d'importation de fromage qui passeraient de 13 000 à 32 000 tonnes) fera perdre aux producteurs québécois chaque année près de 450 millions $.

Le Canada a consenti à plus que doubler les quotas en échange d'un accès accru au marché européen pour le porc et le boeuf canadien.

L'accord de libre-échange devrait être finalisé et entrer en vigueur d'ici 18 à 24 mois, le temps que les pays européens et les provinces canadiennes l'adoptent.