Mario Dumont veut privatiser une partie d'Hydro-Québec en permettant aux Québécois d'en acheter des actions. Ses adversaires craignent un choc tarifaire, mais le chef de l'ADQ affirme que la mesure fournira une occasion d'investissement sûr aux contribuables. Et permettra de faire le ménage dans une société d'État qu'il dit mal gérée.

Un gouvernement adéquiste vendrait 7,5% de l'actif d'Hydro sous forme d'actions. L'opération rapporterait 10 milliards à la province, une somme qui serait entièrement consacrée au service de la dette. En allégeant ainsi la dette publique, le gouvernement économiserait 410 millions par année en frais d'intérêts, calcule M. Dumont.

 

«Dans un monde où les spéculateurs ont secoué les marchés, les Québécois vont être heureux de voir arriver une somme de 10 milliards de placements sûrs, stables et intéressants», a-t-il indiqué devant le barrage hydroélectrique la Gabelle, en Mauricie.

Seuls des investisseurs ou des sociétés installés au Québec auraient le droit de se procurer des actions.

La proposition est d'autant plus nécessaire qu'Hydro-Québec n'offre pas son plein rendement, poursuit le chef de l'ADQ. D'abord parce que l'entreprise s'encombre de lourdes structures administratives, mais aussi parce que sa haute direction est constituée d'«amis du gouvernement».

«Hydro-Québec est devenu, du point de vue politique, une machine qui récompense, a-t-il affirmé. Les nominations d'amis du régime, les contrats, il faut une surveillance accrue sur la façon dont on désigne les administrateurs à Hydro-Québec.»

Mario Dumont n'a pas voulu citer d'exemples de mauvaise gestion d'Hydro, pas plus qu'il n'a voulu nommer un gestionnaire nommé indûment par un gouvernement. Mais le leader adéquiste est certain d'une chose: l'arrivée d'actionnaires privés n'ayant aucun intérêt politique forcera la société d'État à faire le ménage.

Explosion tarifaire?

Le chef adéquiste reprend une idée formulée par Jacques Parizeau, alors qu'il était ministre des Finances dans les années 70. Mais aussitôt lancée, elle a été attaquée de toutes parts, hier.

Jean Charest a écorché la proposition de l'ADQ, affirmant que pour vendre des parts de la société d'État à leur valeur marchande, le gouvernement devrait hausser massivement les tarifs d'électricité.

«Les familles du Québec n'ont qu'à bien se tenir parce que Mario Dumont leur propose un choc tarifaire majeur», a-t-il prévenu.

Même son de cloche du côté de Québec solidaire, qui accuse l'ADQ de vouloir larguer le rôle social d'Hydro-Québec.

«Un actionnaire ne cherche qu'une chose: le maximum de profits, le plus rapidement possible. Tout le contraire de la mission d'un service public qui cherche avant tout à assurer les meilleurs services pour tous, au moindre coût.»

Mario Dumont assure qu'Hydro-Québec ne sera pas tentée d'augmenter ses tarifs pour satisfaire ses nouveaux actionnaires, puisque la Régie de l'énergie continuera d'avoir le dernier mot sur la fixation des prix.

Reste que Charles Tanguay, d'Option consommateur, est sceptique: «On peut soupçonner que la privatisation partielle d'Hydro-Québec va encore servir de bonne raison pour augmenter les tarifs», a-t-il dit.

Une percée à Laval?

Par ailleurs, l'ADQ a dévoilé hier soir, devant une trentaine de partisans, les cinq candidats qui porteront ses couleurs à Laval. Mario Dumont a bon espoir de percer dans l'île Jésus, où trois de ses candidats sont venus à moins de 2000 votes de déloger les libéraux lors des élections de mars 2007. La formation alignera en outre l'ex-député bloquiste Pierre Brien dans la circonscription de Vimont. Dans Fabre, le président de l'ADQ Tom Pentefountas, tentera de battre la ministre de l'Éducation Michelle Courchesne. M. Dumont a bon espoir que ses propositions, qui visent la classe moyenne, trouveront écho dans la troisième ville de la province. Le leader adéquiste sera à Montréal demain pour présenter sa plate-forme économique.