Jean Charest pourrait dévoiler les états financiers du gouvernement dans les prochains jours, tel que le réclament le Parti québécois et l'Action démocratique. En conférence de presse, hier, le premier ministre n'a pas fermé la porte à l'éventualité de rendre publics les chiffres que ses adversaires lui reprochent de dissimuler.

«On n'a rien à cacher, a dit le chef du Parti libéral. On a reçu la lettre et on va regarder ça. C'est possible que ça se fasse.»

Les chefs du Parti québécois et de l'ADQ ont tous deux envoyé une lettre au vérificateur général, Renaud Lachance, lui demandant de rendre public son rapport sur les états financiers 2007-2008, afin de faire la lumière sur l'état des coffres du Québec.

«Si M. Charest n'a rien à cacher, j'imagine qu'il va être d'accord. S'il est si transparent, s'il a si bien géré, j'imagine qu'il n'aura aucune objection à déposer les documents», a estimé la chef péquiste, Pauline Marois.

Du côté de l'ADQ, le chef Mario Dumont juge que la population doit avoir tout en mains pour faire un choix éclairé le 8 décembre, date du scrutin.

«Si on veut parler d'économie, il faut avoir les états financiers vérifiés, qui existent, et il faut avoir les chiffres de la Caisse de dépôt. Il y a des sommes considérables qui sont en jeu et les Québécois ont le droit d'avoir le portrait», a dit le chef adéquiste.

«Les écarts entre les discours roses de la ministre des Finances et le portrait présenté par le vérificateur général sont inquiétants», a ajouté M. Dumont.

La ministre Monique Jérôme-Forget a affirmé, en début de semaine, que son gouvernement avait dégagé un coussin de 2,3 milliards pour faire face à la crise économique. Mais en dévoilant le premier tome de son rapport annuel, le jour même, M. Lachance a refusé de confirmer cette marge de manoeuvre, sous prétexte qu'il ne pouvait commenter le contenu des états financiers avant leur publication.

Chiffres déjà connus

En juin dernier, le vérificateur général affirmait toutefois que le déficit cumulé du gouvernement se chiffrait plutôt à 5,8 milliards de dollars. Pour qu'il rende publique son analyse de la santé financière de l'État québécois, il ne manque au vérificateur que le consentement du chef libéral.

Or, M. Charest, hier, n'a pas fermé la porte, mais ne s'est pas engagé non plus à dévoiler ces états financiers, alléguant que, selon lui, «les chiffres sont déjà tous connus».

«À tous les mois, le ministère des Finances rend publics ses chiffres. Les maisons de cotation de crédit n'ont pas de sentiment, d'émotions, que ce soit le Québec ou d'autres juridictions. Ils évaluent nos finances publiques et ils les ont tous, nos chiffres», a dit le chef libéral. Le débat est comptable, selon lui.

«Ce qu'il y a d'ironique là-dedans, c'est que la loi qu'a proposée Monique (Jérôme-Forget) venait justement placer tous ces chiffres-là dans les bonnes colonnes et ce sont eux qui n'ont pas voulu l'adopter», a-t-il ajouté en guise de réplique à ses adversaires du PQ et de l'ADQ.

Au bureau du vérificateur général, on souligne qu'il serait possible pour Renaud Lachance de rendre publics ses commentaires sur les états financiers du gouvernement, qui suivent normalement la publication des chiffres par la ministre. «Mais ce serait de façon tout à fait exceptionnelle», a expliqué Raymonde Côté-Tremblay, ne cachant pas son étonnement de se retrouver mêlée ainsi à la campagne électorale.

Renaud Lachance avait, dès la matinée, décidé qu'il n'y aurait pas de décision de son côté hier. «Pour l'instant... on fait le mort», a résumé sa collaboratrice.

Avec Tommy Chouinard, Martin Croteau et Denis Lessard