(Montréal) La négociation des conventions collectives dans la fonction publique fédérale se corse, alors que 120 000 membres de l’Alliance de la fonction publique du Canada seront appelés à se prononcer sur un mandat de grève.

L’AFPC, le plus grand syndicat pancanadien de fonctionnaires fédéraux, précise qu’il tiendra des votes de grève lors d’assemblées qui se dérouleront du 22 février au 19 avril dans tout le pays.

Une éventuelle grève toucherait les membres de l’AFPC qui relèvent du Conseil du trésor fédéral, comme dans les ministères des Transports, de l’Immigration, des Anciens Combattants, de la Garde côtière, des Services correctionnels, Services Canada, a expliqué en entrevue mardi Yvon Barrière, vice-président exécutif régional à l’AFPC pour le Québec.

Si une grève venait à être déclenchée, les services essentiels seraient toutefois maintenus. Le cas échéant, elle pourrait être déclenchée à la fin du mois de mai ou au début de juin, précise M. Barrière.

Pour le moment, l’AFPC n’a pas décidé quelle forme prendrait cette éventuelle grève : tournante, illimitée, par jour ou autre.

M. Barrière ne doute toutefois pas du fait que l’AFPC obtiendra le mandat de grève qu’elle sollicite auprès de ses membres.

« Je suis persuadé que nous allons obtenir un mandat extrêmement fort », encore davantage depuis que le gouvernement fédéral a ordonné le retour au travail au bureau sans en discuter les paramètres avec l’Alliance, a-t-il fait valoir. « Ça va aider à aller chercher un mandat extrêmement fort. »

En litige

La rémunération est au cœur du litige, dans un contexte inflationniste.

Le gouvernement fédéral avait déposé sa première offre salariale le printemps dernier, avant de la bonifier en septembre. Il offre maintenant 1,5 % d’augmentation la première année, 3 % la seconde, puis 2 % et 1,75 %, soit une moyenne de 2,06 % par année.

L’Alliance réclame 4,5 % d’augmentation par année.

M. Barrière soutient que les salaires dans la fonction publique fédérale sont loin d’être aussi élevés que certains le pensent. Il précise que la rémunération moyenne de ses membres fonctionnaires est de 58 500 $ par année.

Le télétravail, la conciliation travail-famille-vie personnelle font également partie des revendications de l’AFPC, de même que la sous-traitance des emplois de la fonction publique vers le privé.

La convention est échue depuis juin 2021.

Commentaires du Trésor

Invité à commenter la négociation, le Conseil du trésor a souligné qu’un premier rapport d’une Commission de l’intérêt public avait été produit pour un groupe de travailleurs. Ces commissions servent en quelque sorte à faciliter le dialogue, à tenter de rapprocher les parties, mais elles n’ont pas de pouvoir exécutoire.

D’autres rapports sont attendus prochainement. « Dans le rapport, la CIP recommande de reprendre les négociations afin qu’une entente puisse être négociée collectivement. Elle y indique aussi que si les parties sont en mesure de déterminer les priorités et de modérer leurs demandes, il semble qu’il y ait de nombreux points de compromis possibles », a fait valoir le Conseil du trésor.

Il croit toujours qu’il y a « de nombreuses possibilités de trouver un terrain d’entente » avec l’Alliance.

« Nous sommes encouragés que l’AFPC ait consenti à la médiation. Nous reconnaissons également que les négociations exigent des efforts considérables, des compromis et de la bonne foi de la part des deux parties pour réussir », a-t-il ajouté.

« Nous demeurons déterminés à conclure une entente équitable pour les fonctionnaires et raisonnable pour les contribuables. »

Le gouvernement fédéral a déjà déposé une plainte contre l’AFPC pour avoir manqué à son obligation de négocier de bonne foi.