Jeunes et vieux, hétérosexuels ou fiers membres LGBTQ+, Montréalais et touristes : plus de 300 000 marcheurs ont célébré dimanche après-midi la diversité sexuelle dans une grande marée arc-en-ciel.

«Tout s'est très bien déroulé, il a fait beau et les messages politiques ont passé. Il y a eu un bel équilibre entre revendications et célébrations», s'est réjoui Jean-Sébastien Boudreault, vice-président de Fierté Montréal, à la fin de la marche.

Jamais la métropole n'avait été l'hôte d'un si important défilé, point d'orgue d'une Fierté Montréal rehaussée à l'occasion de son 375e anniversaire. «Tout le monde nous dit que c'était le plus beau et le plus gros», exulte M. Boudreault.

En outre, jamais le dispositif sécuritaire n'avait été aussi imposant lors d'un tel événement, quelques jours après les attentats au camion-bélier qui ont secoué la Catalogne. À 13h30, le boulevard René-Lévesque s'est figé et s'est tu pour les victimes d'homophobie, de transphobie et du VIH. Spectateurs et marcheurs ont brandi le poing en l'air lors de cet émouvant geste de solidarité, conclu par une salve d'applaudissements, sinon d'espoir. «J'ai tendu l'oreille le plus loin possible, et je n'entendais que des oiseaux», relate le vice-président de Fierté Montréal.

De part et d'autre du cortège de 3,2 kilomètres, la présence accrue des policiers et des agents de sécurité privés, sollicités pour la toute première fois, était palpable. Ceux-ci devaient non seulement veiller à la sécurité de la foule, mais aussi à celle - autre fait inédit - d'un premier ministre étranger, soit le taoiseach d'Irlande Leo Varadkar. 

«C'est une merveilleuse célébration de l'inclusion, de la tolérance et de la diversité», avait-il affirmé dans un français approximatif plus tôt en conférence de presse.

Le dirigeant irlandais est apparu avec son conjoint au côté du premier ministre du Canada Justin Trudeau et du maire de Montréal Denis Coderre, qui avait présenté ses excuses vendredi dernier à la communauté LGTBQ+ pour les discriminations et les violences subies entre les années 1960 et les années 1970. Le trajet du défilé, dans une visée symbolique, faisait d'ailleurs le pont entre l'ancien village gai de l'ouest de l'île et l'actuel village. Le premier ministre du Québec Philippe Couillard et le chef du Parti québécois Jean-François Lisée ont aussi participé à la marche.

Ouverture et revendications

Précédé d'un camion du Groupe tactique d'intervention, d'un char du commanditaire Pfizer et ses ballons géants, puis d'un autre où s'élevait un inukshuk pour souligner l'apport des peuples autochtones, le défilé s'allongeait sur plusieurs kilomètres.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

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Comme tous les ans, organismes communautaires et ethniques, organisations politiques, danseurs et fanfares épousaient les mêmes mantras : ouverture, tolérance et diversité. De nombreuses pancartes affichaient des slogans de Black Lives Matter, mouvement protestataire afro-américain né aux États-Unis. Des chars mettaient par ailleurs la métropole en valeur : 35 ans du Village gai, 50 ans de l'Expo 67, 375e anniversaire de Montréal, etc.

Dans la foule, deux amies de 16 ans qui arboraient les couleurs arc-en-ciel, Milla Cabral et Améthyste Laramée, assistaient pour la première fois à un défilé de la Fierté. «Ça fait deux ans que j'attends ce moment-là, dit cette dernière. Avant, on ne me laissait pas venir seule à Montréal. C'est un gros événement, et on veut montrer à notre entourage qu'on est là pour les supporter.» 

L'adolescente de Valleyfield constate qu'il y a encore un travail d'éducation à faire. «J'ai mis deux heures pour venir en transports en commun. Juste dans le métro, il y a des gens qui changeaient de place quand ils voyaient mon drapeau.» Un petit coup d'oeil au défilé lui redonne espoir. «Par contre, d'autres venaient me voir et voulaient discuter avec moi», poursuit-elle, fière de sa première participation.

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