Alors que Québec songe à ouvrir davantage les portes de la province à l'immigration, Montréal, qui accueille la majorité des nouveaux arrivants, demande des pouvoirs supplémentaires afin d'assurer une meilleure intégration.

Dimanche, le premier ministre Philippe Couillard a jugé «nécessaire» que le Québec accueille davantage d'immigrants pour faire face à la baisse de la population active et ainsi prévenir la pénurie de main-d'oeuvre qui guette la province. «Je ne suis pas contre, mais il faut qu'on s'assure d'avoir les outils. Ce n'est pas juste de dire qu'il faut les faire venir», a réagi le maire de Montréal Denis Coderre.

Les deux tiers des immigrants s'étant établis au Québec vivent dans l'île de Montréal, selon Statistique Canada. Cette proportion grimpe à 88% lorsqu'on inclut la périphérie. Le Grand Montréal ne représente pourtant que la moitié de la population de la province.

Statut de métropole

Dans le cadre des négociations présentement en cours sur le statut de métropole, Denis Coderre affirme vouloir obtenir davantage de pouvoirs en matière d'intégration des immigrants, comme en francisation et politiques d'habitation et d'emploi. Le maire compte d'ailleurs «s'asseoir avec [le premier ministre Philippe] Couillard et [la ministre de l'Immigration Kathleen] Weil pour savoir ce que ça veut dire comme tel» quand le gouvernement évoque d'ouvrir davantage les portes de la province à l'immigration. La Belle Province accueille environ 50 000 immigrants par an, soit 20% de gens décidant de refaire leur vie au Canada.

Denis Coderre a raison de réclamer davantage de pouvoirs, estime l'opposition montréalaise. «Comme dans bien des sujets, les pouvoirs sont à Québec, mais les réalités sont montréalaises. Or à l'heure actuelle, l'intégration, particulièrement économique, laisse à désirer», dit Érika Duchesne, conseillère de Projet Montréal.

Selon l'Institut de la statistique du Québec, les immigrants du Québec ont un taux de chômage près de deux fois plus élevé que chez les personnes nées au Canada. La situation est particulièrement difficile chez les nouveaux arrivants, chez qui le taux de chômage atteint 14,6%.

Emplois mal rémunérés

Et même lorsqu'ils trouvent du travail, les immigrants doivent souvent se contenter d'emplois mal rémunérés. Une récente étude de l'Institut de la statistique démontre en effet que 11,2% des travailleurs issus de l'immigration étaient à faible revenu, contre 4,3% pour chez les travailleurs nés au Canada. Le Québec est d'ailleurs la province canadienne où la part des immigrants à faible revenu est la plus élevée.

Montréal fait bien de vouloir s'occuper de l'intégration des immigrants puisque Québec a eu tendance à se désengager ces dernières années, dit Stephan Reichhold, de la Table de concertation des organismes au service de personnes réfugiées et immigrantes. «Il y a eu beaucoup de coupures dans les services aux immigrants, autant pour la francisation que les services d'aide et d'accompagnement. Il va falloir plus de ressources pour s'assurer de leur intégration.»