Le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) n'avait même pas encore fini de dresser les grandes tentes communes de son Camp pour le droit au logement lorsque la police montréalaise est intervenue pour en forcer le démantèlement, jeudi après-midi.

Le camp avait été érigé dans un parc situé immédiatement à côté du quartier général du Service de police de la ville de Montréal (SPVM), près de la Place des arts, à l'issue d'une marche amorcée au centre-ville.

Qu'à cela ne tienne, le coordonnateur du FRAPRU, François Saillant, a aussitôt affirmé que ce n'était que partie remise.

«Pour nous, le camp n'est pas fini avec le démantèlement d'aujourd'hui. Il va se poursuivre sous d'autres formes», a indiqué M. Saillant alors que les derniers manifestants quittaient les lieux pour se réunir ailleurs en fin d'après-midi.

«On ne perd pas de vue nos objectifs et nos objectifs, ça demeure de mettre de la pression sur nos gouvernements fédéral et provincial sur la question de l'avenir du logement social et de sensibiliser la population aux problèmes de logement», a-t-il ajouté.

Les policiers avaient lancé un ultimatum peu après l'arrivée des campeurs, les enjoignant de retirer tout équipement. Une quinzaine de tentes étaient toutefois demeurées debout malgré tout, mais la plupart d'entre elles ont été retirées lorsque les policiers se sont avancés pour les saisir.

Leur intervention n'a pas donné lieu à un affrontement avec la centaine de campeurs, mais à plusieurs échanges verbaux et quelques courtes empoignades qui ont mené à l'arrestation de trois personnes pour entrave au travail des policiers, au grand dam de François Saillant.

«Malheureusement, quand tu décides que tu fais intervenir le SPVM, il y a des gens qui n'apprécient pas et ça donne ce qu'on a eu aujourd'hui. On trouve ça très dommage que des gens aient été arrêtés. L'intervention de la ville n'était pas justifiée. Ils auraient dû laisser le camp se poursuivre», a-t-il dit.

Le maire de Montréal, Denis Coderre, avait pourtant averti le FRAPRU qu'il ne tolérerait pas l'érection d'un camp dans un parc de la ville, mais l'organisme de défense des droits des locataires n'en avait cure, selon son porte-parole.

«Nous avions dit au maire Coderre quand nous avions discuté avec lui que s'il voulait éviter les débordements, la meilleure façon c'était de respecter le camp et que nous serions capables nous-mêmes d'éviter les débordements», a dit M. Saillant.

Le FRAPRU promet maintenant de revenir à la charge, mais comme pour l'érection du premier camp, il refuse de préciser le lieu qui sera choisi.

L'organisme reproche à Québec d'avoir fait passer de 3000 à 1500 le nombre de nouveaux logements sociaux dans le dernier budget et à Ottawa de réduire progressivement les sommes consacrées au logement social qui seront complètement éliminées au cours des prochaines années.

«En 2015, 5000 logements sociaux ne recevront plus un sou du fédéral, ce qui va affecter l'accessibilité financière de ces logements. D'ici 2018, 21 000 logements vont perdre leur subvention et, à terme, ce seront 125 000 logements sociaux qui ne recevront plus de subvention fédérale», a expliqué M. Saillant.

«Ça veut dire des hausses de loyers pour une bonne partie des locataires qui habitent là. Et ça veut dire que ces logements ne seront plus jamais aussi accessibles pour les gens qui en auront besoin à l'avenir. C'est une situation qui est désastreuse et qu'on ne peut pas laisser passer», a-t-il dit.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Une quinzaine de tentes étaient debout lorsque les policiers se sont avancés pour les saisir.