La guérilla judiciaire entre Uber et la Ville de Montréal est bien enclenchée. Le Bureau du taxi dit avoir saisi 37 voitures du service UberX depuis la mi-février. Mais les procédures judiciaires qui en découlent sont systématiquement contestées en cour municipale par des avocats d'Uber.

«Des saisies de voitures UberX, on en fait chaque semaine, et nous allons augmenter la cadence chaque semaine», a annoncé à La Presse le nouveau directeur général du Bureau du taxi, Alain Rochon.

Depuis la mi-décembre, le ministre des Transports Robert Poëti et le maire Denis Coderre affirment que le service UberX est illégal. Ses chauffeurs utilisent de simples véhicules de promenade - sans permis de taxi - pour transporter la clientèle. De nouveaux pouvoirs donc ont été octroyés aux inspecteurs du Bureau du taxi pour faciliter les saisies de véhicules UberX.

Chaque saisie de véhicule s'accompagne d'une contravention de 350$ pour «transport illégal de personnes» imposée au chauffeur. «Au total, avec l'amende et le coût de la saisie, ça coûte aux chauffeurs fautifs environ 1000$ pour récupérer leur véhicule», précise M. Rochon.

Mais cette vague de saisies est qualifiée de «gaspillage de fonds publics» par le directeur général d'Uber Montréal, Jean-Nicolas Guillemette. Son entreprise dit qu'elle continuera à défendre ses chauffeurs. «On paie pour tout: on conteste l'amende en cour, on loue une voiture à nos chauffeurs et au bout du compte, la cause est reportée à une date ultérieure. C'est un gaspillage des ressources municipales», dit M. Guillemette.

Multinationale controversée

Basée en Californie, Uber est présente dans 57 pays. La multinationale a récemment récolté 3,4 milliards CAN lors d'une ronde de financement. La légalité de son service UberX est cependant contestée devant les tribunaux dans plusieurs villes, dont Toronto, Amsterdam, Séoul et Bruxelles.

À Montréal, ces derniers jours, des «escouades anti-Uber» créées par des chauffeurs de taxi en colère ont mis une certaine pression sur le Bureau du taxi. Ces chauffeurs appelaient des voitures Uber grâce à l'application pour téléphones intelligents de l'entreprise, et tentaient de raisonner leurs chauffeurs. Un petit groupe de chauffeurs de taxi a aussi créé des affiches autocollantes à l'effigie du directeur général d'Uber, sur lesquelles on peut lire le mot «Jean-Nicolas Guillemette recherché pour son soutien à une activité illégale».

Le directeur général d'Uber Montréal, qui n'a pas apprécié être personnellement ciblé, déplore que le Bureau du taxi n'ait pas sévi contre ces chauffeurs. «Qu'est-ce qu'ils font, au Bureau du taxi, pour dénoncer et calmer les chauffeurs?», demande-t-il.

Mais ces chauffeurs de taxi reprochent au Bureau du taxi de ne pas en faire assez pour enrayer le service UberX. Jeudi, l'un d'eux est entré en contact avec La Presse après avoir eu la visite d'un inspecteur à un stand. L'inspecteur lui a délivré un long constat, exigeant plusieurs réparations cosmétiques sur sa voiture ainsi qu'un nettoyage pour enlever des traces de calcium à l'intérieur de la voiture. «C'est ridicule. Uber nous vole de la clientèle devant notre nez, illégalement, et pendant ce temps, les inspecteurs du Bureau du taxi concentrent leurs efforts sur des défauts mineurs. On est en train de rire de nous», s'est plaint Aki Vassilatos, un propriétaire de taxi qui mène la charge contre Uber.

Ailleurs au Canada

Uber a connu son lot de problèmes au Canada.

Toronto : au moins 13 chauffeurs UberX ont été arrêté et accusés, en mars, d'avoir conduit un taxi sans licence. La Ville tente d'obtenir une injonction pour interdire le service UberX dans la métropole.

Vancouver : les autorités provinciales de Colombie-Britannique ont interdit à Uber d'offrir ses services. L'entreprise a rencontré des élus et des représentants de l'industrie des transports, du tourisme et des autorités policières pour tenter de faire évoluer la situation.

Edmonton : la municipalité a tenté d'obtenir une injonction pour interdire le service UberX. La Cour du banc de la Reine a rejeté cette demande.

Québec : au moins une quinzaine de voitures UberX ont été saisies par les agents du Contrôle routier Québec depuis le lancement du service, le 12 février.