La Ville de Montréal continuera à accorder des contrats à l'entrepreneur Tony Accurso, malgré la condamnation pour fraude fiscale de deux de ses entreprises. Possédant une licence distincte, sa firme Louisbourg SBC n'apparaît pas sur la liste noire de la Régie du bâtiment.

Faisant présentement affaire avec onze entreprises condamnées pour fraude fiscale, l'administration Tremblay a annoncé en conférence de presse mercredi qu'elle comptait annuler seulement trois contrats pour se conformer à la nouvelle loi interdisant de leur octroyer des contrats publics. Les trois contrats ont été confiés à la même entreprise, Construction Soter, qui perd ainsi 1,8 million $.

Montréal compte maintenant demander à la Régie du bâtiment si elle peut maintenir 39 autres contrats confiés à des entreprises apparaissant sur sa liste noire. La Ville considère qu'annuler ces mandats, d'une valeur totale de 65,1 millions, coûterait inutilement cher en raison de l'avancement des travaux ou mettrait en danger la sécurité publique.

L'élu responsable des infrastructures, Richard Deschamps, a confirmé du même souffle qu'une firme de Tony Accurso, Louisbourg SBC, pourrait continuer à obtenir des contrats. «Une vérification a été faite auprès de la Régie et on nous dit que l'entreprise n'a pas de licence restreinte. Moi, je me conforme à la loi», a simplement dit Richard Deschamps.

Dans une lettre de la Régie distribuée aux médias, on peut lire que la «licence [de Louisbourg SBC] ne fait l'objet d'aucune restriction aux fins de l'obtention d'un contrat public puisqu'elle-même et ses dirigeants actuels satisfont, selon nos informations, aux exigences de la Loi sur le bâtiment».

Vérification faite au registre des entreprises, Louisbourg SBC est une société en commandite associée à Simard-Beaudry Construction et Louisbourg Simard-Beaudry Construction.

Richard Deschamps a reconnu qu'un «certain nombre» d'entreprises oeuvrant pour la Ville se trouvent dans cette zone grise, sans en dévoiler le nombre. Louisbourg SBC est notamment responsable des travaux sur l'avenue du Parc, travaux qui font rager les commerçants depuis des mois. «Si on devait tout arrêter, repartir en appel d'offres et recommencer le projet, je ne sais pas si c'est souhaitable», a reconnu pour sa part un conseiller de la 2e opposition, Alex Norris.

L'élu estime toutefois que la Ville aurait pu éviter de se placer dans une telle situation délicate. «Nous n'aurions pas eu ce dilemme si l'administration Tremblay avait fait preuve de plus de jugement depuis le départ. On avait la possibilité d'exclure des contrats les entreprises avec des feuilles de route douteuses.»