La Ville de Montréal, qui achète chaque année pour 1,5 milliard de dollars de matériel, veut réduire de façon importante le nombre d'employés autorisés à faire des achats afin de réduire les risques de collusion et de corruption.

L'administration Tremblay-Applebaum a adopté hier une nouvelle politique d'approvisionnement qui réduira le pouvoir des arrondissements et des différents services municipaux, réservant à la ville centre tous les achats. Du coup, moins de 300 personnes auront bientôt l'autorisation de commander du matériel, alors qu'ils sont plus de 850 actuellement.

«Quand on veut acheter une voiture, par exemple, on va désormais s'assurer que l'appel d'offres soit le plus ouvert, pour avoir le plus de fournisseurs possible. C'est quand un directeur d'approvisionnement ou un acheteur dans un arrondissement a le droit d'aller voir directement un concessionnaire local qu'on peut avoir des doutes», a exposé le président du comité exécutif, Michael Applebaum.

La Ville, qui a embauché un ancien responsable de l'approvisionnement chez Bombardier pour rédiger sa nouvelle politique, dit s'être inspirée du modèle d'affaires des grandes chaînes de commerce de détail. «L'objectif, quand on est Walmart, c'est de faire tourner l'inventaire le plus vite possible, de faire de gros achats pour faire des économies d'échelle», illustre M. Applebaum.

En regroupant tous les achats, la Ville estime qu'elle devrait économiser de 30 à 40 millions d'ici à 2015. «Une évaluation conservatrice», ajoute Michael Applebaum. La nouvelle politique permettra notamment d'uniformiser les achats.

Projet Montréal compte s'opposer au projet qui sera présenté au conseil municipal de lundi. Le chef de la deuxième opposition, Richard Bergeron, réfute les arguments en faveur d'une meilleure protection contre la collusion et la corruption. «Pourquoi ça n'aurait pas l'effet inverse? Ça va concentrer plus de pouvoirs entre les mains de moins de personnes. Elles deviendront plus intéressantes pour des tentatives de corruption.»

Richard Bergeron y voit également un recul pour les arrondissements qui ont accepté de rester au sein de la Ville de Montréal lors des défusions. «C'est la deuxième fois en deux ans que l'administration Tremblay s'attaque au contrat social qui a fait que 10 villes sont restées dans Montréal», a-t-il déploré, rappelant la récente centralisation des embauches.

L'adoption de la politique fait toutefois peu de doute, l'opposition officielle comptant l'appuyer. La chef de Vision Montréal, Louise Harel, juge même que l'administration Tremblay-Applebaum aurait dû aller plus loin. «C'est un pas timide, mais c'est tout de même un pas dans la bonne direction.»