«Attaque à l'institution», «ras-le-bol», espionnage généralisé... Fait exceptionnel, les deux chefs de l'opposition à l'hôtel de ville ont uni leur voix, lors d'un point de presse commun, pour dénoncer avec fougue le comportement de l'administration Tremblay.

«Le maire a commencé par s'attaquer au vérificateur général, il s'attaque maintenant au président du conseil, a résumé Richard Bergeron, chef de Projet Montréal. Il est en train de démolir l'institution municipale montréalaise, fonction par fonction.» Se tournant vers son habituelle rivale, il a ajouté avec un brin d'humour: «Quand notre tour viendra-t-il, Mme Harel, en tant que leaders de l'opposition?»

Pour M. Bergeron, l'espionnage à l'hôtel de ville est tellement systématique que son parti s'est engagé à laisser tomber les cellulaires et courriels fournis par la Ville. «Une fois que la brèche est rompue, c'est comme un barrage. Probablement qu'on a tous fait l'objet à un degré ou un autre de ce genre d'investigation.»

Une brèche dans la sécurité

La chef de Vision Montréal, Louise Harel, a de son côté révélé qu'un «membre du personnel de la Ville de Montréal» avait montré à son équipe une «très grave brèche» dans la sécurité du réseau informatique. En résumé, cette faille permet, avec un seul mot de passe, d'avoir accès à quelque 800 boîtes de courriel, dont celles des élus et du vérificateur général - mais pas celles du Service du contrôleur général. Ni celle de Mme Harel, d'ailleurs, a-t-elle indiqué avec amusement. «Est-ce vraiment une erreur de programmation informatique ou un stratagème mis en place par l'équipe du contrôleur? s'est interrogé Benoit Dorais, maire de l'arrondissement du Sud-Ouest et élu de Vision Montréal. C'est extrêmement inquiétant et inadmissible.»

La découverte a été relayée au Service de police de la Ville de Montréal, a indiqué Mme Harel, qui s'attend à ce qu'elle aboutisse entre les mains de la Sûreté du Québec. «Là, on ne sait plus à quel saint se vouer. Le maire Tremblay lui-même semble avoir perdu le contrôle de son administration.»

Pour Richard Bergeron, ce nouvel épisode du feuilleton de l'espionnage rend Gérald Tremblay indigne du statut de maire. «D'ailleurs, est-il maire? Il l'a encore dit ce matin qu'il ne le savait pas. Il ne sait jamais rien, ses subalternes font tout ce qu'ils veulent, aussi bien dire qu'il n'est pas maire de Montréal.»