Le gros oiseau d'Air France sera définitivement de retour à Montréal au printemps prochain.

Le transporteur offrira un vol quotidien entre Paris et Montréal à bord de l'Airbus A380 dès le 11 mai prochain. Les impatients peuvent commencer à réserver leur place dès vendredi matin.

«J'espère que tous les Québécois vont se précipiter dans notre avion», a lancé le directeur général d'Air France-KLM, Pierre-Henri Gourgeon, après avoir annoncé le retour de l'A380 en conférence de presse jeudi soir.

Un A380 aux couleurs d'Airbus avait effectué un vol très médiatisé entre Paris et Montréal en novembre 2007. Jeudi, c'est un A380 aux couleurs d'Air France qui a atterri à l'aéroport Montréal-Trudeau afin de marquer le 60e anniversaire de la liaison Paris-Montréal.

Le 2 octobre 1950, un Lockheed Constellation d'Air France a atterri à Dorval après deux escales techniques à Shannon et Gander, pour un voyage d'une durée totale de 19 heures.

L'A380 d'Air France peut transporter 538 passagers. Cet appareil, qui compte deux étages, offre 50% plus de surface de plancher qu'un Boeing 747. En fait de capacité, c'est comme si on installait un Airbus A340 sur un Boeing 777-200. L'A380 peut donc remplacer deux appareils, ce qui contribue à une réduction de 20% des coûts d'exploitation.

En outre, l'appareil consomme 20% moins de carburant par passager qu'un A330 (soit 2,9 litres aux 100 kilomètres) en raison notamment de sa légèreté, de son aérodynamisme et de la performance de ses moteurs. Les matériaux utilisés pour son fuselage permettent également de réduire les coûts de maintenance de 20 à 25%.

«Chaque appareil nous permet de réaliser 15 millions d'euros d'économies par an», a affirmé M. Gourgeon.

Autre avantage, l'appareil fait deux fois moins de bruit au décollage qu'un Boeing 747-400.

Désireuse de développer sa plaque tournante de Paris, l'aéroport Charles-de-Gaulle, Air France a commandé 12 appareils A380 auprès d'Airbus et en a déjà reçu quatre. Le transporteur a mis ces appareils en service vers New York, puis vers Johannesburg et vers Tokyo.

Montréal constituera donc sa quatrième destination.

Air France a longtemps attendu avant de choisir Montréal. Si Paris-New York est sa principale liaison long-courrier en termes de sièges, Paris-Montréal prend le deuxième rang. Air France offre présentement deux vols quotidiens l'hiver et quatre vols quotidiens l'été entre Paris et Montréal.

Or, Air France jugeait qu'il était avantageux d'offrir un grand nombre de fréquences quotidiennes à ses clients, leur permettant ainsi de choisir des vols plus tôt ou plus tard dans la journée. Selon le transporteur, cela lui permettait de se démarquer face à la concurrence. De plus, les avantages liés à l'utilisation de l'A380 étaient plus importants pour les longs trajets, comme les liaisons avec l'Asie et l'Afrique.

M. Gourgeon a toutefois expliqué qu'il était avantageux de «marier un segment très long avec un segment moins long» pour optimiser l'utilisation des appareils, d'où l'idée d'offrir la liaison Paris-New York, puis la liaison Paris-Montréal.

Pendant l'été, l'A380 remplacera deux appareils de taille moyenne entre Paris et Montréal. Le transporteur offrira donc trois vols quotidiens au lieu des quatre vols qu'il exploitait cet été. Mais pendant l'hiver, l'A380 ne remplacera qu'un appareil, un Boeing 747. Il y aura donc encore deux vols quotidiens, comme c'était le cas l'hiver dernier.

«Nous faisons un pari, parce qu'en hiver, cela signifiera une augmentation de capacité de 15%, a déclaré M. Gourgeon. Mais c'est bien adapté au développement de notre activité. Nous voyons la liaison avec Montréal comme quelque chose de très porteur. L'A380 montre notre confiance dans ce développement.»

Aéroports de Montréal réjoui

Le président et chef de la direction d'Aéroports de Montréal, James Cherry, s'est réjoui de cette décision. Il a noté que l'aéroport Montréal-Trudeau n'avait pas eu à faire de grosses dépenses pour être en mesure d'accueillir l'A380. Ses pistes et ses accotements gazonnés étaient déjà assez larges pour recevoir un tel appareil. En outre, l'administration avait prévu la possibilité d'accueillir de gros avions lors de la planification de la jetée internationale. Il n'a donc pas été nécessaire de modifier des installations existantes.

La seule dépense spécifiquement liée à l'A380 a été l'installation d'une double passerelle à la porte 55, au coût de 400 000$. Cette passerelle peut aussi être utilisée pour d'autres gros appareils.

M. Cherry a noté que malgré la récession, le trafic international n'avait cessé de croître à l'aéroport Montréal-Trudeau, atteignant même des niveaux records en juillet et en août cette année.

«Notre ambition est d'intensifier le rôle de plaque tournante de Montréal-Trudeau entre l'Europe et l'Amérique du Nord», a-t-il déclaré.

Il a fait savoir que l'aéroport entendait d'ailleurs allonger sa jetée internationale pour ajouter quatre nouvelles portes d'embarquement. L'une d'entre elles sera équipée pour accueillir un appareil de la taille de l'A380. L'aéroport montréalais comptera donc deux portes pouvant accueillir l'A380, le plus gros avion commercial au monde.