C'était le début d'une nouvelle ère politique dans l'arrondissement de Ville-Marie, hier soir, alors que le maire de Montréal, Gérald Tremblay, présidait pour la première fois le conseil d'arrondissement du centre-ville de la métropole, une situation fort critiquée par des résidants.

Une résidante de Ville-Marie, Lise Béland, a d'abord souhaité, au cours de la période de questions, que, dorénavant, seuls les résidants et les commerçants de Ville-Marie puissent poser des questions lors de l'assemblée du conseil d'arrondissement, même si trois élus du conseil sur six (Gérald Tremblay, Richard Deschamps et Jocelyn Ann Campbell) n'habitent pas dans Ville-Marie. Le directeur de l'arrondissement, Alain Dufort, a alors répondu qu'un avis juridique a été demandé afin d'étudier si cette avenue est légalement possible.

Puis, le citoyen André Querry a regretté que deux élus extérieurs à l'arrondissement,  Jocelyn Ann Campbell, conseillère d'Ahuntsic-Cartierville, et Richard Deschamps, conseiller de LaSalle, aient été nommés le jour même par le maire Tremblay pour siéger au conseil de Ville-Marie en vertu de la loi 22 adoptée en juin 2008.

M. Querry estime que ces élus pourraient être en conflit d'intérêts quand des dossiers concerneront à la fois Ville-Marie et leur arrondissement d'origine.

Mme Campbell et M. Deschamps n'ont pas été particulièrement bien accueillis par le public (Mme Béland les a même décrits comme des «immigrants»).

Le maire Tremblay a répondu que quand ces deux élus siègent à Ville-Marie, ils représentent Ville-Marie, et qu'il faut «tourner la page» et ne pas revenir en arrière pour modifier la loi 22.

Le conseiller Vision Montréal du district Saint-Jacques, François Robillard, a ensuite déclaré que la loi 22 constituait «un déficit démocratique important» pour les citoyens de Ville-Marie, alors que l'opposition a recueilli, lors du dernier scrutin, plus de voix qu'Union Montréal, mais que quatre élus sur six sont membres du parti du maire.

Le citoyen Yves Chartrand a également critiqué la nouvelle gouvernance de Ville-Marie. «Quant à moi, on est des citoyens de seconde zone, a-t-il dit. Ville-Marie est en tutelle de la part de la ville centrale.»

Très applaudi, M. Chartrand s'est de nouveau fait dire par le maire Tremblay que le dossier était clos, que la loi avait été adoptée et qu'il fallait aller de l'avant.

«On va revenir à la charge là-dessus durant les quatre prochaines années», a ajouté M. Chartrand.

François Robillard a rappelé que la consultation que le maire Tremblay avait organisée en 2008 sur la nouvelle gouvernance de l'arrondissement s'était déroulée en privé, sans la présence des médias (La Presse s'était fait mettre dehors).

Enfin, une motion réclamant la tenue d'une commission d'enquête publique sur la corruption et la collusion au Québec a été adoptée à l'unanimité.

En point de presse avec les médias présents après la séance du conseil, le maire Tremblay a dit être satisfait de sa soirée. D'après lui, les citoyens finiront par se rendre compte que c'est un avantage pour l'arrondissement d'avoir un maire qui est aussi le maire de la métropole.