Il y a eu la fusion, il y a eu la défusion, et là, c'est la confusion, résume Anne Latendresse, professeure au département de géographie de l'UQAM et spécialiste des questions de démographie locale et participative.

«Le bricolage institutionnel nous fait stagner dans le chaos, croit-elle. Aucun parti au pouvoir n'est capable de faire quelque chose de cohérent avec la structure actuelle.»

 

Parmi les incongruités qu'elle dénonce se trouve au premier chef le conseil d'agglomération où les représentants de la Ville de Montréal sont choisis par le maire, «ce qui fait évidemment en sorte que l'opposition y est moins présente».

Contrairement à beaucoup d'autres, Mme Latendresse n'en a pas contre le supposé trop-plein de pouvoirs aux arrondissements. Au contraire, elle se désole de ce que les vrais lieux de pouvoir se trouvent bien au-dessus de la tête des citoyens.

Gilles Sénécal, chercheur à l'Institut national de recherche scientifique et spécialiste de géographie urbaine, est quant à lui moins préoccupé par la complexité des structures. «Je pense que les gens savent que pour la plupart de leurs préoccupations, ça se passe à l'arrondissement. Ils ont bien plus de chances d'y être entendus pour un problème de bruit ou d'arbre incommodant qu'à la ville centre (de l'ancien régime).»

Il note cependant qu'il y a bel et bien un problème de représentation dans Ville-Marie, du fait que les citoyens n'auront pas le loisir d'élire leur propre maire d'arrondissement, mais le problème va bien au-delà de ça.

Va pour un centre des affaires entre les mains du maire de Montréal, mais qu'ont en commun le quartier gai, le Quartier chinois ou le Centre-Sud? Comment peuvent-ils être tous englobés, avec le quartier des affaires, au sein de Ville-Marie? «On parle de ça, mais qui a envie d'une autre réforme de toute façon?»