Le promoteur responsable de la transformation extrême de l'ancien collège des prêtres sulpiciens, sur le flanc du mont Royal, devra modérer ses ardeurs. Dans un rapport où l'administration Tremblay est critiquée, que La Presse a obtenu avant son dévoilement prévu demain, l'Office de consultation publique de Montréal (OCPM) estime que l'immeuble aurait dû conserver sa «vocation institutionnelle».

Faute de pouvoir renverser la vapeur auprès des instances gouvernementales, l'OPCM recommande au maire de Montréal d'exiger du promoteur qu'il réduise la hauteur de certains bâtiments et renonce à certaines constructions de type villa et maisonnette, sans quoi le projet ne pourra pas être qualifié «d'exemplaire», laisse-t-on entendre.

 

Pour l'Office, la transformation de l'ancien collège, chemin de la Côte-des-Neiges, entre les avenues Cedar, de Ramezay et le chemin Saint-Sulpice, est l'un des projets les plus controversés sur lesquels il ait été appelé à se prononcer. Il constitue un premier test pour le Plan de protection et de mise en valeur du mont Royal (PPMVMR). Il servira aussi à baliser d'autres projets résidentiels sur la montagne, comme celui de Catania au couvent des soeurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie.

Avant d'énumérer une série de recommandations précises, les commissaires préviennent l'administration municipale qu'elle devrait dorénavant mieux encadrer, «avec des balises claires», les négociations avec les grands propriétaires de la montagne à propos de leurs projets immobiliers. Mais surtout, la Ville de Montréal devrait préciser la notion de «capacité limite» de construction sur la montagne dans le PPMVMR. «Il en va de la crédibilité du Plan de protection», peut-on lire dans le rapport signé par Louise Roy, présidente de l'OCPM.

Trop d'immeubles trop hauts

En se basant sur les principes du Plan de protection et sur les 60 personnes qui ont exprimé leur point de vue lors des audiences, les commissaires ciblent plusieurs éléments «posant problème» dans les visées de Développement Cato. Premièrement, l'Office mentionne que le projet de cinq ensembles résidentiels, pour quelque 325 unités, entraîne une augmentation de 70% de l'empreinte bâtie au sol, «ce qui va à l'encontre de l'esprit de protection de la montagne», peut-on lire.

À cet égard, l'Office suggère de renoncer à une dizaine de villas le long du prolongement de la place de Ramezay, à cheval sur une zone considérée comme non constructible en vertu d'une étude commandée par les prêtres sulpiciens. À leur place, l'OCPM privilégie un édifice unique, plus modeste, à logements multiples. Les villas «forment une barrière entre le nord et le sud de la propriété, scindant les espaces naturels à protéger de part et d'autre», note l'Office.

L'Office déplore par ailleurs que la construction selon les plans actuels obstruera la vue sur l'ancien séminaire, le centre-ville et le fleuve à partir de l'intersection Cedar et Côte-des-Neiges. «En fait, la vue serait complètement bloquée pour les piétons qui y déambulent au quotidien», précise-t-on.

Sans édicter une baisse de hauteur précise puisqu'il estime que «ce n'est pas son rôle», l'instance recommande de réduire la hauteur d'au moins quatre ensembles résidentiels, dont le complexe sportif en forme de U, de 6 et 7 étages, et des multiplex atteignant neuf étages, sur la pointe du terrain. On mentionne aussi qu'il serait souhaitable de renoncer à des maisonnettes multiplex dans cette partie du terrain.

Quant à l'accès public aux lieux, les commissaires jugent que «plusieurs ambiguïtés subsistent», et on recommande à la Ville de concevoir un sentier «comme un tronçon d'une éventuelle voie piétonne municipale reliant la montagne au centre-ville». Autre recommandation et non la moindre, l'Office propose de renforcer l'accord de développement avec Cato en ce qui concerne les ententes de servitude dans les déclarations de propriété.

Même s'il milite pour obtenir un moratoire de construction sur le terrain, le rapport de l'OCPM devrait donner des arguments à l'organisme Les Amis de la montagne, qui réclame que soient mieux définis le concept de «capacité limite» de construction sur le mont Royal de même que les balises de protection. Le comité exécutif de Gérald Tremblay aura le dernier mot sur les recommandations, avant de les acheminer au conseil municipal. Mais la décision d'accepter ou non la transformation de l'ancien collège incombe à la ministre de la Culture, responsable du patrimoine, Christine St-Pierre, qui est restée jusqu'ici plutôt vague sur le sujet.

Selon nos sources, le promoteur Développement Cato serait prêt à réviser ses plans, jusqu'à un certain point, afin de conserver une rentabilité. Il doit aussi préciser ses intentions quant à la préservation de la chapelle grâce aux conclusions d'une étude commandée par la firme Daniel Arbour&Associés, responsable du concept architectural.