Helen Fotopulos a évoqué hier la possibilité que le projet Marianopolis connaisse un sort similaire à celui du couvent des Carmélites, dont la transformation résidentielle a été envisagée puis rejetée.

«Quand il y a des réactions comme ça, parfois ça peut mener à des changements», a indiqué Mme Fotopulos, qui est mairesse de l'arrondissement Plateau-Mont-Royal et membre du comité exécutif de la Ville de Montréal, hier en marge d'une cérémonie au lac aux Castors. «J'ai vécu ça avec les Carmélites. Les religieuses sont toujours là, le mur est refait et le site est classé.»

 

L'ancien collège Marianopolis a été vendu l'an dernier par les sulpiciens au promoteur Développement Cato, pour une somme de 46 millions de dollars. Cato veut construire 10 villas de luxe de trois étages et cinq immeubles de six et sept étages, un projet résidentiel qui totalisera entre 325 et 350 logements. Les Amis de la montagne ont fait circuler une pétition contre le projet, qui déroge à plusieurs règles d'urbanisme, mais sera examiné par l'Office de consultation publique de Montréal.

Le couvent des Carmélites, dans le Plateau, devait lui aussi être vendu pour 5,5 millions à un promoteur qui voulait y ériger des condos de luxe. En 2005, après deux ans de controverse, les carmélites ont fini par renoncer à la vente. Le couvent a été classé monument historique en 2006, ce qui lui a permis d'avoir des subventions de plusieurs millions pour rénover un mur menaçant de s'écrouler.

Sentiment de dépossession

Mme Fotopulos n'a pas voulu donner son avis sur le projet Marianopolis. «Je garde une certaine réserve quand il ne s'agit pas de projets de la Ville de Montréal. Mais je note le sentiment de dépossession de la population face à de tels projets privés. Il faudra en tenir compte.»

La mairesse du Plateau estime que les audiences de l'Office de consultation publique permettront de mieux cerner ce «sentiment de dépossession» et de trouver des mesures pour y remédier. Elle n'a par contre pas voulu préciser si le Plan de protection et de mise en valeur du mont Royal comporte des lacunes pour ce qui est des projets privés, se limitant à signaler qu'«il faudra voir avec les ministères».

Mme Fotopulos a par contre indiqué que le «sentiment de dépossession» suscité par le projet Marianopolis est similaire à celui du dossier du Mont-Jésus-Marie, boulevard du Mont-Royal, qui a été acheté puis vendu à un promoteur par l'Université de Montréal. Contrairement à Marianopolis, le Mont-Jésus-Marie sera simplement transformé en unités d'habitation; aucun nouvel immeuble n'est prévu. Mais les deux projets impliquent la transformation par des promoteurs d'édifices érigés par des communautés religieuses, en partie à partir des dons des fidèles, un type de conversion qui soulève les passions.

La cérémonie d'hier visait à décerner des prix remis par les Amis de la montagne à des personnalités ayant contribué à la préservation du mont Royal. En entrevue à La Presse, le président des Amis, Peter Howlett, a de nouveau dénoncé le projet Marianopolis. «C'est kafkaïen, a dit M. Howlett. Le Plan de protection devait protéger le mont Royal, et maintenant, on s'en sert pour approuver un projet immobilier de ce genre.»