Sans parler d'un gel complet, il est fort probable que l'embauche de pompiers à Montréal soit repoussée aux calendes grecques afin de procéder aux coupes budgétaires que demande l'administration Tremblay. Les policiers de Montréal s'attendent pour leur part à devoir user leurs uniformes plus longtemps et à étirer le kilométrage de leurs voitures de patrouille.

D'ici à mercredi prochain, les directions des pompiers et des policiers devront exposer aux élus du comité exécutif comment elles entendent s'y prendre pour réduire leur budget sans compromettre les services et la sécurité. L'effort exigé des policiers est de 13,85 millions, tandis que les pompiers devront retrancher 7,6 millions de leur budget d'environ 303,6 millions, pour des coupes totales de 21,45 millions.

 

Dans un entretien avec La Presse, Jean-Yves Hinse, directeur des relations professionnelles à la Ville, a expliqué qu'il est possible que la direction du Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) choisisse de reporter la mise en place du Schéma de couverture de risques en incendie, rendu obligatoire par Québec en 2002, et qui vise à réduire le nombre de morts et les pertes matérielles.

À Montréal, la mise en place de ce schéma doit se traduire par l'embauche de 102 nouveaux pompiers, l'achat de 70 véhicules et la réorganisation complète des 66 casernes de l'agglomération de Montréal pour, notamment, améliorer les inspections.

Joint en fin d'après-midi, le vice-président de l'Association des pompiers de Montréal, Alain Nault, a rappelé que les 2300 pompiers du territoire sont sans contrat de travail depuis deux ans et demi et que, si rien ne change, «ça va finir très mal».

«Nous sommes les enfants pauvres de Montréal, s'insurge M. Nault. Dans une de nos casernes, on a des camions dont les pompes ont 27 et 28 ans. On est en 2009 et le Schéma exigé depuis 2002 n'est pas encore en place. C'est un non-sens. Faut-il leur rappeler que le Schéma doit servir à diminuer les pertes de vie?»

Du côté du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), la direction a choisi de faire circuler une note de service pour demander aux policiers s'ils avaient des suggestions à faire pour sabrer 13,85 millions dans leur budget, qui atteint 587,84 millions en 2009.

Martin Viau, porte-parole de la Fraternité des policiers de Montréal, explique qu'aucun des membres n'a pris cette note au sérieux. En pleine période de moyens de pression et sans convention collective, les policiers portent le pantalon de camouflage au travail depuis des mois afin de faire accélérer les négociations, désormais en arbitrage. Martin Viau a ajouté que les uniformes doivent tout d'abord «être confortables et sécuritaires». Selon lui, les policiers ne s'opposeront pas à l'idée d'user à la corde leurs uniformes pourvu que la sécurité de la population ne soit pas compromise.

Le responsable de la sécurité publique au comité exécutif du maire Tremblay, Claude Dauphin, est pour sa part resté prudent dans ses déclarations lorsque La Presse l'a interrogé à ce sujet.

«Nous n'avons pas envoyé de directives aux différentes directions, qui doivent épargner 155 millions au total, a-t-il dit. On va étudier les propositions quand on va les recevoir, la semaine prochaine.» Douze services de la Ville de Montréal sont appelés à sabrer dans leurs dépenses. Pour les arrondissements, cette somme équivaut à 20 millions, et à 40 millions pour la Société de transport de Montréal.