La deuxième tempête de la saison froide a perturbé l'une des dernières journées de magasinage avant Noël, hier, au centre-ville de Montréal. Les trottoirs étaient vides, les boutiques étaient désertes. Au grand dam des commerçants, qui comptaient sur ce dernier week-end avant les Fêtes pour renflouer leurs coffres.

On avait peine à croire qu'il était 13h, tant la rue Saint-Denis était vide en début d'après-midi. Tandis que les flocons s'abattaient de plus belle sur l'une des principales artères commerciales de la ville, les quelques automobilistes qui bravaient la tempête n'avaient aucun mal à dénicher une place de stationnement. Et les trottoirs, où la neige s'accumulait, étaient pratiquement déserts.

Mais la plupart des consommateurs rencontrés sur place y ont trouvé leur compte. La tempête n'a pas dérangé Anne-Marie Pelletier, bien au contraire. Cette résidante du Plateau-Mont-Royal avait enfilé un imposant manteau et chaussé ses bottes d'hiver avant d'aller terminer ses emplettes du temps des Fêtes.

«C'est beaucoup plus beau, a-t-elle lancé. On est à pied, on a des bottes et il n'y a pas grand monde parce que les gens n'osent pas sortir. C'est parfait.»

Mais pour les commerçants qui ont pignon sur rue, c'est une tout autre histoire.

«D'habitude, c'est plein. Il y a une quinzaine de personnes qui font la file à la caisse», a soupiré Guillaume Gagnon, employé de longue date de la boutique Franc Jeu.

Devant lui, deux ou trois clientes tâtaient les jouets et les jeux de société sous le regard de cinq vendeuses et caissières désoeuvrées. «Les gens qui viennent, c'est qu'ils ont besoin de venir, a expliqué M. Gagnon. Ils sont souvent à la dernière minute.»

Quelques portes plus loin, la boutique Zone avait fait appel à 25 employés pour faire face à ce qui devait être l'une des journées les plus fastes de l'année. Le dernier week-end avant Noël est d'ordinaire le plus lucratif de tous, a expliqué la superviseure Karine Lavallée.

«Ce ne sera pas des pertes, parce qu'on va devoir couper nos employés au fil de la journée, mais ce ne seront pas les résultats escomptés, a-t-elle indiqué. On va perdre beaucoup à cause de la tempête.»

Elle craint que plusieurs clients aient pris le chemin des centres commerciaux couverts pour éviter les intempéries.

Pas mieux sur Sainte-Catherine

La situation n'était guère plus rose pour les marchands de la rue Sainte-Catherine, dont les trottoirs étaient étonnamment dégagés pour un dimanche après-midi. Après avoir été submergés de clients, la veille, les commerçants ont connu une journée morose.

Même dans les Promenades de la Cathédrale, un centre commercial intérieur, Marie-Luc Beaudin et son amie Hélène Hotton s'ennuyaient pour mourir. Les deux jeunes femmes sont bénévoles dans un kiosque d'emballage, dont les profits sont versés à la Maison Marguerite, un centre d'hébergement pour les femmes en difficulté.

Lors du passage de La Presse, il n'y avait pas un client en vue. Et le reste de l'après-midi n'a guère été mieux.

«C'est dommage, parce que le centre commercial avait prévu des chorales, a dit Mme Beaudin. Il y a de la musique live, un ensemble swing qui se promène dans le centre commercial, mais il n'y a pas de monde.»