L'année s'annonce pénible pour les amateurs de sports aquatiques de Montréal. Les travaux de rénovation entrepris au printemps au Complexe sportif Claude-Robillard ont miné les activités des principaux clubs sportifs qui s'y entraînent. Leurs finances sont en déficit. Des cours ont été annulés. Mais la Ville de Montréal hésite encore à leur tendre la main.

Claude Comtois est un homme inquiet. Responsable des finances du club de natation CAMO, il voit les factures s'accumuler à un rythme soutenu sur son bureau depuis la fermeture de la piscine du centre Claude-Robillard, en juin dernier. L'entraînement de quelque 200 nageurs a dû être déplacé vers une demi-douzaine de piscines disséminées dans l'île de Montréal. À grands frais.

 

La Régie des installations olympiques a offert au club un tarif de location avantageux - une quinzaine de dollars l'heure - mais certains arrondissements et autres administrateurs privés sont beaucoup moins conciliants et facturent deux, voire trois fois plus cher.

La gratuité?

Or, c'est nettement au-delà des moyens de l'organisation à but non lucratif. Et nettement au-delà de la gratuité dont profitait le club au complexe Robillard.

Résultat: «Nous avons un manque à gagner d'environ 152 000$», lâche-t-il en entrevue à La Presse.

Ses collègues des clubs CAMO plongeon et CAMO water-polo sont un peu moins touchés parce qu'ils sont plus petits et profitent davantage du tarif préférentiel offert par la RIO, mais leurs budgets s'inscriraient aussi à l'encre rouge. Leurs pertes totales pourrait friser les 100 000$ si aucune aide extérieure ne leur est apportée.

«On ne joindra pas les deux bouts sans compromettre sérieusement nos activités», dit Claude Comtois.

Pourparlers avec Montréal

Les clubs sportifs ont entrepris l'hiver dernier des pourparlers avec la Ville de Montréal en vue d'obtenir une compensation financière pour les frais engendrés par le déménagement des nageurs. Le ton des premières rencontres était encourageant.

«On a bien écouté nos demandes, on nous a dit qu'on comprenait bien notre situation, mais plusieurs mois, plusieurs rencontres et plusieurs échanges de courriels plus tard, nous en sommes toujours à la case départ et l'incertitude grandit», dit M. Comtois, porte-parole du dossier pour les trois organisations.

«Cette situation est anormale. La Ville doit la corriger sans délai.»

Interrogé par La Presse, le responsable des installations sportives de la ville de Montréal, Richard Duchesne, affirme que le dossier suit son cours et que le comité exécutif devrait rendre sa décision «sous peu».

Il s'avance même jusqu'à évoquer qu'elle sera favorable aux clubs sportifs. «Cela n'aurait pas d'allure qu'ils soient obligés de cesser leurs activités. Ce sont les plus gros clubs de Montréal, là où s'entraînent certains des meilleurs athlètes. C'est grâce à eux que le centre Claude-Robillard existe.»

Michel Comtois reste perplexe. «On nous l'a déjà promis plus d'une fois», se plaint-il.

Et cela n'effacera pas tous les autres désagréments associés aux travaux. Faute d'espace, il a fallu annuler les cours de natation qui étaient offerts dans le passé à quelque 600 enfants.

Plusieurs gamins ont aussi abandonné, découragés parce que les entraînements ont maintenant lieu trop loin de chez eux.

«C'est une très bonne chose que la piscine soit rénovée. Mais en attendant la fin des travaux, les temps sont durs», dit M. Comtois.