L'homme accusé d'avoir poignardé un marcheur sur un sentier du mont Royal en août dernier semblait avoir un « problème mental », a témoigné le fils de la victime hier à l'enquête préliminaire de Jean Therrien. « Comme si c'était son bois ! » L'accusé aurait aveuglé les deux marcheurs avec une lampe de poche en leur criant : « En allez-vous ! Vous avez pas d'affaire ici ! »

L'homme de 48 ans avait d'abord été jugé inapte à subir son procès pour tentative de meurtre en octobre dernier en raison de ses problèmes mentaux. Or, en janvier, il était dorénavant apte à faire face à la justice. Hier, il a été inculpé par la juge Kovacevich au terme de son enquête préliminaire.

Louis Bourque et son fils trentenaire Pierrot Lachaine-Tremblay regardent la « pleine lune » dans la forêt du mont Royal, le soir du 7 août 2017. Ils entendent un homme crier au loin. « Des cris de rage. On disait qu'il frappait sur les arbres », se remémore Louis Bourque. « Il criait comme une personne perdue dans le bois, très, très fort », ajoute son fils.

Vers 22 h, les deux hommes observent des ratons laveurs dans un sentier près du chalet du mont Royal lorsqu'ils sont éblouis par une lumière aveuglante. « J'avais la flashlight dans les yeux. Il m'a dit : "Vous n'avez pas d'affaire ici !" », raconte Louis Bourque. « Moi et mon père, on lui a demandé de baisser la lampe de poche. Mais on voyait que la personne ne voulait pas coopérer », relate son fils.

Puis, Louis Bourque et son agresseur s'échangent des coups. « Mon père a donné un coup sur la lampe de poche, on était carrément aveuglés. Ça a démarré une bataille », explique Pierrot Lachaine-Tremblay. Pendant ce brouhaha, le témoin aperçoit le visage de l'accusé qu'il a désigné hier en cour comme étant celui de Jean Therrien, stoïque dans le box des accusés.

« TU RESTES LÀ ! »

Louis Bourque croit recevoir un coup de poing au ventre. Or, il sent le sang couler sur sa jambe. « Je voyais rien. Je voyais même pas mon fils », raconte le témoin. « Toi, tu restes là ! », lance-t-il à son assaillant en quittant les lieux. Réfugié au chalet, son fils réalise que la plaie est « très, très profonde ». Notons que ni l'un ni l'autre n'ont vu le couteau qui aurait été utilisé par l'accusé.

Mobilisé pour trouver le suspect dans les boisés de la montagne, l'agent Maxime Éthier arrête Jean Therrien à l'aube, près du chalet du Mont-Royal. « Il descendait tranquillement un sentier en s'approchant de moi. Je lui ai demandé ce qu'il faisait sur la montagne à cette heure-là [5 h 30]. Il m'a répondu : "Je suis sans abri, vous allez m'arrêter pour rien." »

Le suspect correspond alors à la description donnée aux policiers. L'agent Éthier réalise que le suspect porte deux couteaux à sa ceinture et détient trois lampes de poche dans son sac. Dans le véhicule, l'accusé tient des propos incohérents. « J'ai été assermenté par Justin Trudeau ! », lance-t-il.

Photo déposée en cour

Jean Therrien avait d'abord été jugé inapte à subir son procès pour tentative de meurtre en octobre dernier en raison de ses problèmes mentaux. Or, en janvier, il était dorénavant apte à faire face à la justice. Hier, il a été inculpé par la juge Kovacevich au terme de son enquête préliminaire.