L'ex-entraîneur de ski Bertrand Charest a écopé de 12 ans de prison, ce matin, pour des crimes à caractère sexuel commis à l'endroit de neuf athlètes féminines qu'il a entraînées, dans les années 90.

En rendant sa décision, le juge Sylvain Lépine a indiqué qu'il doutait de la sincérité des regrets de M. Charest, et considère que celui-ci a tenté de minimiser sa responsabilité. Le magistrat a aussi lancé une flèche à Alpine Canada et ses dirigeants, qui, dit-il, « ont lamentablement échoué dans leur rôle de gardien et de protecteur de ces jeunes athlètes dont les parents avaient délégué leur sécurité entre leurs mains. »

Les crimes se sont échelonnés entre 1991 et 1998, alors que M. Charest avait entre 26 et 33 ans, et que les victimes avaient entre 12 et 18 ans. Pour certaines, il s'agit d'attouchements, tandis que pour d'autres, il y a eu relation complète. L'une de ces dernières avait subi un avortement, alors qu'elle avait 15 ans. 

Le juge a fait la liste des facteurs aggravants, nombreux, et n'a trouvé que deux facteurs atténuants, soit le fait que M. Charest n'avait pas d'antécédent judiciaire et que son risque de récidive est faible. 

Debout dans le box des accusés pendant toute la durée de la lecture du jugement, M. Charest n'a rien manifesté. Quelques victimes étaient dans la salle, tandis que quatre autres suivaient l'audience par visioconférence. Les procureures de la Couronne, Marie-Nathalie Tremblay et Caroline Lafleur, étaient bien sûr satisfaites de la décision, puisque le juge a suivi leur recommandation de 12 ans de prison. L'avocat de la défense Antonio Cabral était pour sa part surpris de la sentence, lui qui demandait entre quatre et six ans. Il ne pouvait dire si la peine allait être portée en appel. « On va prendre le temps de la regarder. » M. Charest en appelle déjà du verdict de culpabilité. 

Les derniers crimes s'étaient produits en 1998. M. Charest avait été contraint de démissionner de son poste. Il avait ensuite fondé une famille et créé des entreprises. Ce n'est qu'en mars 2015, qu'il a été arrêté et accusé pour les événements survenus 18 ans plus tôt. Il est détenu depuis. Cette détention préventive compte en temps et demi, ce qui équivaut à un peu plus de quatre ans de prison. C'est donc une peine de sept et dix mois qu'il doit purger à partir d'aujourd'hui. 

Extraits du jugement

• « Il s'agit d'infractions perpétrées contre des mineures dans une situation d'abus d'autorité. »

• « Les victimes vivent depuis 25 ans avec de nombreux problèmes de santé et doivent suivre des thérapies de toutes sortes. »

• « Il s'agit d'un accusé qui a environ 15 ans de plus que ses victimes et qui décide d'avoir des relations sexuelles avec des mineures. »

• « Aujourd'hui ces jeunes femmes devenues adultes ont eu le courage de dénoncer ces actes passés et l'accusé ne peut bénéficier de ces délais comme facteurs atténuants. »

• « Permettre aux accusés de bénéficier de l'écoulement du temps viendrait décourager les victimes à dénoncer leur agresseur alors qu'elles ont dû vivre avec ces secrets douloureux pendant des années. »