Une justice modernisée est-elle synonyme d'une justice accessible et efficace? Voilà le pari de 500 millions de dollars qu'a fait la ministre de la Justice Stéphanie Vallée, mardi en conférence de presse, avec un projet «sans précédent» de modernisation et de numérisation du système judiciaire québécois.

Un plan étalé sur cinq ans et qui représente un investissement de 500 millions du gouvernement du Québec. Cette somme s'ajoute aux 175 millions annoncés en décembre 2016, six mois après l'arrêt Jordan de la Cour suprême, pour créer de nouvelles ressources.

Archaïque, désuet, époque des dinosaures. La ministre a aligné les images du passé pour démontrer que son plan n'est pas un luxe. «Les palais de justice au Québec sont des hangars de papier qui croulent sous des tonnes de documents et d'archives», a-t-elle lancé, en montrant la caricature d'André-Philippe Côté publiée lundi dans La Presse. «Les procès-verbaux et les dossiers judiciaires sont encore écrits à la main et les rôles des procès sont affichés aux murs», a ajouté la ministre. La justice a besoin «d'un coup de barre pour dégorger les tribunaux», estime Mme Vallée, qui a rappelé que le système informatique du plumitif date de... 1975!

Guichet unique

En plus des solutions technologiques, le plan prévoit la création d'un guichet virtuel et unique d'information juridique pour les citoyens. Des mesures pour faciliter l'accès à la justice et accélérer son déroulement et des systèmes pour aider à mieux communiquer l'information entre les intervenants du système judiciaire font aussi partie du plan du gouvernement du Québec.

Questionnée sur la saveur électoraliste d'une telle annonce en fin de mandat, Stéphanie Vallée a rappelé qu'elle ne se représenterait pas aux prochaines élections. À ses yeux, la transformation et la modernisation de la justice au Québec seront bénéfiques pour tout le monde et son successeur ne peut qu'aller de l'avant avec ce projet.

Si la ministre ne sera plus au cabinet, elle ne craint pas pour la suite des choses. Selon elle, le plan fera l'objet d'une «gouvernance forte et exemplaire». «On a appris des erreurs du passé», dit-elle, faisant référence au virage numérique en santé et aux dépassements énormes des coûts.

D'ici 2022, quatre vérificateurs surveilleront chaque étape du plan et ses échéanciers, afin d'assurer que tout se fasse dans les règles de l'art. «Nous assistons à un changement historique de culture dans le système judiciaire», a conclu la ministre.