Le controversé homme d’affaires Luigi Coretti vient d’échouer à obtenir un permis de port d’arme, notamment parce qu’il se serait fait passer pour un policier.

En 2020, l’homme s’est adressé à la Sûreté du Québec (SQ) afin d’obtenir un permis de possession et d’acquisition d’arme à feu, nécessaire – selon lui – pour les activités de son entreprise de camions blindés Transport de valeurs Centurion inc.

La SQ a refusé. La Cour supérieure vient de confirmer une décision de la Cour du Québec de 2022, passée inaperçue jusqu’à maintenant, qui refusait de réviser la décision du corps policier.

M. Coretti est « relié à plusieurs évènements tels de l’intimidation, des comportements menaçants, du harcèlement et une forme d’extorsion », indique le juge Pierre Labrie, dans une décision rendue à la fin du mois d’octobre, en reprenant les conclusions de première instance. L’homme d’affaires « personnifiait des policiers et il s’agit là d’un élément important ».

Controversée firme BCIA

Le nom de M. Coretti, fondateur de la firme de sécurité BCIA, a fait les manchettes il y a une dizaine d’années pour son rôle dans une série de scandales politiques municipaux et provinciaux. Son entreprise assurait la sécurité du quartier général du Service de police de la Ville de Montréal sans contrat formel, et un ministre de Jean Charest avait été limogé pour avoir accepté une carte de crédit prépayée de l’homme d’affaires.

Luigi Coretti a été accusé de fraude en 2012 pour avoir surévalué des comptes de ses clients de manière à obtenir du financement auprès de Desjardins. La coopérative avait fini par perdre des millions de dollars dans la faillite de la firme BCIA, en 2010. Quatre ans après le dépôt des accusations, Luigi Coretti avait bénéficié d’un arrêt du processus judiciaire.

« Police » partout

La première décision concernant son port d’arme a été rendue en septembre 2022 par le juge Gilles Garneau, de la Cour du Québec, de façon orale uniquement. C’est ce qui explique qu’elle n’avait fait l’objet d’aucune couverture médiatique.

« Le juge [Garneau] mentionne que selon l’enquête, [Coretti] a été vu au volant d’un véhicule affichant un logo “police”. Toujours selon le juge Garneau, Coretti “aurait également été vu avec deux chiens devant servir pour de la recherche et arborant des logos “police” », a souligné le juge Labrie. « Selon un policier d’une communauté autochtone, l’appelant s’est présenté à lui comme policier. » M. Coretti nie.

En plus d’être propriétaire de Transport de valeurs Centurion inc., Luigi Coretti administre un organisme de sauvetage baptisé ANORW et lié aux communautés autochtones de l’Outaouais. Le logo de cette entité comprend le mot « police ».

En première instance, M. Coretti avait fait témoigner l’ex-policier et ex-député Guy Ouellette pour appuyer sa « bonne réputation ». Ses explications n’ont visiblement pas fait pencher la balance.

La SQ, désignée comme contrôleur des armes à feu pour le Québec, n’a pas émis de commentaire.

M. Coretti n’a pas non plus voulu commenter le dossier. « En première instance, nous avons tâché de démontrer que les informations sur lesquelles le contrôleur s’était basé pour refuser la délivrance du permis d’arme à feu étaient inexactes et incomplètes », a indiqué son avocat, Dikran Markarian. « En appel, la Cour supérieure a conclu que les lacunes de l’enquête du contrôleur n’étaient pas suffisamment importantes pour rendre sa décision déraisonnable. »