(Québec) Un homme de Chibougamau qui accusait sur les réseaux sociaux le gouvernement et les élites d’entretenir les incendies de forêt est soupçonné par les autorités d’en avoir allumé lui-même huit cet été, alors que le Québec était aux prises avec les pires brasiers de son histoire récente.

Brian Paré avait été arrêté la semaine dernière sous deux chefs d’accusation d’incendie criminel. Son dossier s’est passablement alourdi lundi alors qu’il a comparu par visioconférence au palais de justice de Roberval pour son enquête sur remise en liberté.

La Couronne accuse désormais l’homme de 37 ans de 11 crimes. Huit chefs d’accusation ont été déposés contre lui lundi pour des incendies criminels en forêt qu’il aurait causés. Le suspect est aussi accusé d’avoir brûlé une cabane de pêche et de s’y être introduit par effraction, en plus de nuisance publique « qui a mis en danger la vie ».

Le premier incendie de forêt aurait été allumé à Chapais le 31 mai, puis les autres l’auraient été à Chibougamau dans le courant de l’été et jusqu’au 5 septembre. C’est donc dire que l’accusé aurait sévi pendant plus de trois mois.

La mairesse de Chibougamau se réjouit que l’enquête des policiers ait porté ses fruits. Les 7200 résidants ont dû être évacués près d’une semaine à partir du 7 juin, car les flammes menaçaient la ville.

« Pour nous, c’est une bonne nouvelle, parce qu’on savait que certains incendies étaient d’origine douteuse », a expliqué Manon Cyr en entrevue.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, ARCHIVES LA PRESSE

Manon Cyr, la mairesse de Chibougamau

« Mais on sait aussi que les gros incendies majeurs, ceux qui ont fait évacuer Chibougamau, Mistissini ou Oujé-Bougoumou, ne sont pas d’origine criminelle. C’est la foudre, ajoute la mairesse. Il y a des théories du complot qui ont circulé selon lesquelles les grands feux seraient criminels, mais on sait que c’était la foudre. »

Les petits incendies que la police accuse Brian Paré d’avoir allumés ont tout de même inquiété la mairesse. Elle en a été avertie dès le début de juin.

« Mettez-vous à ma place… Je suis la mairesse de la ville, on évacue les gens et à un moment donné on me dit “on a éteint un feu suspect”. C’est préoccupant. C’étaient des secteurs relativement proches de nos communautés, donc ça mettait notre monde en danger. »

Elle ajoute que les incendies qu’aurait allumés Brian Paré ont nécessité l’intervention des pompiers même s’ils étaient plus petits que les incendies naturels.

Des théories du complot

L’enquête sur remise en liberté de Brian Paré a été reportée à lundi prochain. Il restera donc détenu à Chibougamau. Mais déjà, la Couronne a fait savoir qu’elle allait s’opposer à sa libération d’ici la fin du procès.

Sur sa page Facebook, M. Paré a relayé pendant des mois des nouvelles des incendies. Il a aussi partagé ses propres analyses sur ce qu’il considérait comme un « plan ultra diabolique ».

Selon lui, les incendies de forêt étaient entretenus par le gouvernement et les élites pour préparer la population à un « nouvel ordre mondial » et « nous enfermer dans nos maisons ». Les changements climatiques étaient aussi inventés, selon lui, par la NASA pour parachever ce plan. Les hypothèses de M. Paré émises sur Facebook n’étaient pas appuyées par des preuves.

Avec la collaboration de Vincent Larin, La Presse