Tanya St Arnauld a envoyé des messages texte à plusieurs de ses proches, mercredi matin. Elle voulait savoir ce qu'il advenait de Nikolas Stefanatos, accusé de l'avoir aspergée d'un produit corrosif le 26 août à Longueuil.

L'enquête sur la mise en liberté de Nikolas Stefanatos devait avoir lieu ce matin au palais de justice de Longueuil. Son avocate, Mélanie Grégoire, a finalement demandé pour la troisième fois de repousser l'audience.

«Tanya m'a appelée toute la matinée, a dit sa mère, Linda St Arnauld, au terme de l'audience. Elle a toujours peur qu'il sorte, qu'il vienne et qu'il puisse la tuer. C'est ça qu'elle a. Je ne sais pas pourquoi elle pense à ça, mais c'est sa réaction.»

«Je l'ai rassurée, je lui ai dit: "Ne t'inquiète pas, j'ai entendu dire qu'il ne sortirait pas", a poursuivi la mère de Tanya, qui  s'exprimait pour la première fois devant les caméras. Ça la soulage.»

À la demande de la défense, la juge Anne-Marie Jacques a accepté de remettre au 27 septembre l'enquête sur mise en liberté. Me Mélanie Grégoire a expliqué qu'il restait des «démarches» à faire dans l'enquête sur cautionnement. «Également, on souhaite avoir plus de nouvelles du côté de la victime, a ajouté Me Grégoire. Mon client et nous avons beaucoup d'empathie pour la victime.»

Nikolas Stefanatos, 27 ans, est accusé de voies de fait graves, de voies de fait causant des lésions et d'agression armée. La Couronne l'accuse d'avoir lancé un liquide corrosif (possiblement un produit pour déboucher les tuyaux) sur sa copine Tanya St Arnauld, 29 ans, qu'il fréquentait depuis quelques mois seulement.

Pendant la très brève audience, il n'a pas regardé les proches de Tanya St Arnauld dans la salle. Vêtu d'un jean et d'un chandail gris, il avait un pansement au bras pour couvrir une blessure qu'il s'est faite le matin du drame. 

Les faits se sont déroulés vers 5h du matin au terme d'une soirée arrosée avec un couple d'amis. Nikolas Stefanatos aurait fait une crise de jalousie à propos de l'homme du couple. Il aurait lancé le produit dans la cage d'escalier de l'appartement de Tanya St Arnauld, rue Sainte-Catherine, à Longueuil.

Selon sa mère, la jeune femme a eu une importante greffe de peau au thorax, au dos, aux bras et au cou la semaine dernière. Pendant la délicate intervention, elle a été replongée dans un coma artificiel jusqu'à lundi.

«Elle aura encore besoin de retouches, aujourd'hui ou dans deux jours, a dit Linda St Arnauld. Tanya n'en voulait pas, elle a dit qu'elle se trouvait belle comme ça, mais les médecins lui ont expliqué que c'était pour sa condition physique.»

Lorsqu'elle quittera le centre des grands brûlés de l'Hôtel-Dieu, elle devra séjourner dans un centre de réadaptation pour réapprendre à bouger.

«Tanya n'est pas prête à parler publiquement, a dit sa mère. Elle pense différemment chaque jour. Mais je peux vous dire qu'elle n'a aucun esprit de haine ou de vengeance.»



Linda St Arnauld est au chevet de sa fille tous les jours de 14h à 20h30, soit les heures de visite permises par l'hôpital. «Elle a besoin de soutien, comme un bébé», dit-elle, les yeux humides.

Tanya St Arnauld prend des médicaments contre la douleur aux quatre heures. «C'est dur de voir son bébé comme ça, mais on se concentre sur sa guérison», a ajouté Mme St Arnauld, qui est croyante. Le pasteur de son église était d'ailleurs présent au palais de justice pour la soutenir.