Une enquête publique doit être lancée pour faire toute la lumière sur la fuite d'un rapport hautement confidentiel à un journaliste de La Presse, affirme le comité d'appui à Adil Charkaoui, incriminé par le document.    

La semaine dernière, le quotidien publiait un article basé sur un rapport du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) qui accusait M. Charkaoui et Abousfian Abdelrazik d'avoir planifié de faire exploser un avion de ligne, en 2000.

Les deux hommes ont passé des années à tenter de laver leur nom.

Les partisans d'Adil Charkaoui estiment que la fuite du rapport était une tentative d'influencer l'opinion publique et qu'il s'agit d'un geste perpétré par certains éléments influents au sein du gouvernement.

Dans leur bataille pour blanchir leur réputation, M. Charkaoui a contesté avec succès un certificat de sécurité déposé contre lui par Ottawa et M. Abdelrazik a réussi à perdre sa qualification de «menace à la sécurité». Il tente toujours de faire retirer son nom de la liste noire du terrorisme tenue par les Nations unies.

Une porte-parole de la coalition d'appui à Adil Charkaoui a refusé de préciser ce qui leur fait croire que la fuite provient des hautes sphères du gouvernement fédéral.

M. Charkaoui a récemment gagné une cause devant la Cour fédérale, qui oblige le gouvernement à révéler davantage d'informations concernant sa situation. Ses avocats ont toutefois reçu des pages vierges de la part d'Ottawa, plaide M. Charkaoui.

«Seulement quatre ou cinq jours plus tard, ils font couler un document à La Presse», a accusé Adil Charkaoui.

«C'est vraiment incroyable. Ce n'est pas quelque chose que l'on s'attend à voir au Canada. Ce serait moins surprenant au Mozambique ou au Zimbabwe.»

Ce n'est pas la première fois que La Presse obtient un document secret du SCRS qui met Adil Charkaoui et Abousfian Abdelrazik dans l'eau chaude.

En 2007, un texte similaire accusait M. Charkaoui d'avoir discuté de l'utilisation d'un avion de ligne dans un attentat terroriste et de s'être entraîné dans un camp islamiste d'Afghanistan.

Cette fuite avait fait l'objet d'une enquête de la Gendarmerie royale du Canada, dont les résultats n'ont jamais été rendus publics. Le SCRS avait aussi lancé sa propre étude du dossier.

Adil Charkaoui, né au Maroc, a été arrêté en 2003 en vertu d'un certificat de sécurité en raison de ses présumés liens avec des groupes terroristes. Il a été libéré en 2009 après que le dossier contre lui se soit écroulé.