Lorsque ses parents lui ont confisqué sa Xbox, Brandon Crisp a promis qu'il fuguerait si on ne la lui rendait pas. Son père, croyant qu'il bluffait, l'a même aidé à faire son sac à dos. Puis, le jeune Ontarien est parti à vélo. C'était il y a 13 jours. Le garçon de 15 ans, passionné de jeux vidéo, n'a pas été revu depuis.

La disparition de l'adolescent a donné lieu à une mobilisation sans précédent à Barrie, une ville-dortoir de 130 000 habitants située à 90 km au nord de Toronto. Près de 400 bénévoles venus de tout le sud de l'Ontario ont participé aux recherches, vendredi et hier, afin de localiser Brandon. Une cinquantaine de policiers sont aussi sur le terrain, et l'hélicoptère de la police provinciale a survolé pendant de nombreux jours la région.

 

Malgré ces efforts, on n'a trouvé aucune trace de l'adolescent. «En 10 jours, nous n'avons rien trouvé qui puisse nous mener à lui. Une dame a croisé Brandon sur un sentier trois heures après son départ; c'est tout ce que nous savons», explique le porte-parole de la police de Barrie, David Goodbrand. La bicyclette du jeune homme a été retrouvée en bordure de ce sentier, le 19 octobre.

Aux yeux de ses parents, cela ne fait aucun doute: il était «obsédé» et «complètement dépendant» du jeu Call of Duty 4: Modern Warfare, destiné aux plus de 17 ans. «Il obtenait des A" dans toutes les matières avant de sombrer dans l'enfer des jeux vidéo en 2006», affirme son père. Le jour où on lui a confisqué sa Xbox, Brandon a volé 20$ à sa soeur, et ses parents venaient d'apprendre qu'il s'était absenté de l'école pour jouer.

Les Crisp craignent que leur fils soit allé rejoindre un inconnu rencontré sur l'internet. «Ce pourrait être le crime organisé, ou autre chose. Les pédophiles peuvent traquer les jeunes avec ces jeux», a avancé plus tôt cette semaine Steve Crisp au Toronto Star.

«Les amateurs de jeux vidéo peuvent s'attacher très fortement au monde virtuel parce qu'ils y vivent des expériences émotives intenses», explique le directeur du Laboratoire d'analyse des médias de l'Université Simon Fraser, Stephen Kline. «Tu fais partie d'une équipe. Mieux tu joues, plus tu es reconnu. Ce peut être très stimulant pour un adolescent.» Le problème, c'est que, afin d'obtenir de meilleurs résultats, nombre de participants délaissent peu à peu les autres activités - faire ses devoirs, voir ses amis, dormir, aller à l'école.

Microsoft, fabricant de la Xbox, a doublé la récompense de 25 000$ pour toute information qui permettra de retrouver le garçon. Mais le géant mondial de l'informatique tarde à partager les données des personnes avec lesquelles Brandon jouait, souligne la police.

Si les recherches ne donnent rien, la police de Barrie compte clore son enquête sur le terrain dès demain. «On a ratissé large. On arrête les recherches, mais on poursuit l'investigation», assure M. Goodbrand.

Disparitions: les parents plus renseignés

La grande médiatisation de disparitions d'enfants comme celles de Brandon Crisp et de Cédrika Provencher poussent les parents à mieux se renseigner à ce sujet, a estimé hier la directrice générale d'Enfant Retour, Pina Arcamone.

L'organisme voué à soutenir les familles à la recherche de leur enfant tenait hier sa journée de sensibilisation annuelle. Plus de 2000 enfants accompagnés de leurs parents se sont rendus à l'un des quatre postes d'information de la grande région de Montréal, un chiffre exceptionnel selon Enfant Retour. Les parents pouvaient y faire prendre la photo et les empreintes digitales de leurs petits et remplir un carnet regroupant l'essentiel des renseignements utiles lorsqu'un enfant est porté disparu.

«Depuis l'an dernier, on voit vraiment un changement de mentalité chez les parents. Les alertes Amber et le fait qu'on parle beaucoup des disparitions d'enfant poussent les gens à s'interroger. Les parents sont plus conscients et on voit vraiment un désir de protéger qui n'était pas aussi fort auparavant», a estimé Mme Arcamone.

Avec La Presse Canadienne