Dans la foulée du premier anniversaire du mouvement #metoo, l'opposition officielle à l'hôtel de ville de Montréal propose que la Société de transport de Montréal (STM) crée une application mobile permettant de signaler et géolocaliser en temps réel les cas de harcèlement dans le métro et les autobus.

L'objectif est d'assurer aux femmes et à toutes personnes vulnérables le droit de circuler librement sans être harcelées, ont souligné en conférence de presse jeudi les conseillères municipales Karine Boivin-Roy et Effie Giannou du parti Ensemble Montréal. Les deux élues présenteront une motion à cet effet lors de l'assemblée du conseil municipal le 22 octobre prochain.

«Au cours de la dernière année, il y a une réflexion de société qui a eu lieu et dont on fait partie. On s'est donc demandé comment améliorer la sécurité des femmes, notamment dans les transports en commun», a expliqué Mme Boivin-Roy.

La proposition d'Ensemble Montréal s'inspire des sociétés de transport de Paris et Toronto qui ont déjà une application mobile. Cela contribue à documenter le phénomène et favorise le sentiment de sécurité, souligne-t-on.

En mars dernier, une campagne de sensibilisation a été lancée dans tout le réseau de transport en commun d'Île-de-France, à Paris, afin de «libérer la parole des femmes». Les victimes ou les témoins de situation de harcèlement sexuel étaient invités à donner l'alerte par téléphone ou par SMS. Ces appels sont alors géolocalisés et déclenchent une intervention d'agents sur le terrain, 24 heures par jour.

Mmes Boivin-Roy et Giannou ont déploré qu'il y ait très peu de données disponibles sur «le fléau» du harcèlement à Montréal. Elles ont toutefois rappelé qu'un sondage effectué par le Centre d'éducation et d'action des femmes de Montréal (CEAF), entre novembre 2016 et mars 2017, tendait à démontrer une crainte chez les femmes dans les lieux publics. Des 218 répondantes au sondage, 147 d'entre elles estimaient que leur droit d'emprunter le métro sans être harcelées n'était pas respecté. Aux arrêts d'autobus, 109 femmes avaient souligné la même situation alors que dans les autobus, il s'agissait de 90 répondantes.

Sans critiquer la STM, Mmes Boivin-Roy et Giannou ont  souligné que les plaintes logées par des femmes auprès de la société de transport risquent d'être sans effet compte tenu de la difficulté d'identifier le harceleur. L'application mobile répondrait à ce besoin d'information, croient-elles.

Outre cet outil, les deux conseillères municipales proposent que la STM lance une campagne de sensibilisation ciblée auprès de son personnel. Elles souhaitent également que la STM publicise davantage le service déjà existant «entre deux arrêts» offert aux femmes qui voyagent seules la nuit et qu'il soit étendu à toutes les personnes ressentant un sentiment d'insécurité.