Les travaux de construction du futur Réseau express métropolitain (REM) vont empiéter de manière beaucoup plus importante sur les autoroutes et dans les rues de Montréal à partir de l'automne, en plus de perturber plusieurs infrastructures de transports en commun de la grande région métropolitaine.

L'ajout des travaux du REM à la quarantaine de grands chantiers autoroutiers et municipaux qui seront actifs dans les prochains mois va ainsi contribuer à compliquer la vie des automobilistes pour la rentrée d'automne, qui s'annonce, une fois de plus, déroutante, désordonnée et contrariante.

Après avoir réussi à dévier les voies de circulation de l'autoroute 10 en direction du pont Champlain sans provoquer trop d'encombrements dans la circulation, les entrepreneurs de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) s'installeront d'ici quelques semaines sur cette même autoroute pour dévier les voies de circulation en direction de Sherbrooke. Ces déviations visent à dégager suffisamment d'espace au centre de l'autoroute pour créer l'emprise du REM, où sera construite une station et où circulera le futur train électrique.

Cette déviation entraînera la perte définitive de l'une des deux voies de desserte de l'autoroute 10 et devrait compliquer la convergence des véhicules sur cette autoroute très achalandée dans ce secteur, en amont du carrefour 10/30, en particulier pendant la période de pointe de fin d'après-midi.

L'installation des futures infrastructures du REM sur la Rive-Sud entraînera aussi l'élimination de 500 places de stationnement incitatif au terminus d'autobus Panama, situé en bordure de l'autoroute 10, près du boulevard Taschereau, à Brossard, et ce, dès le mois de septembre. L'élimination du tiers des places de stationnement au terminus Panama pourrait être compensée par l'aménagement de nouveaux espaces plus tard, à mesure qu'évolueront les travaux d'aménagement de la nouvelle station du REM sur le site Panama.

COORDINATION CRUCIALE

L'implantation progressive du REM entraînera aussi des travaux importants sur des tronçons ferroviaires existants qui auront des impacts sur la circulation automobile. Ce sera notamment le cas avec la démolition d'un pont ferroviaire qui surplombe l'autoroute 40, à la hauteur du boulevard Henri-Bourassa Ouest.

Ces travaux de démantèlement sont prévus plus tard à l'automne et entraîneront des entraves partielles sur ce segment de l'autoroute Métropolitaine.

Les chantiers devront être coordonnés avec le ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l'Électrification des transports (MTMDET), qui mène lui-même des travaux majeurs à proximité du secteur sur l'échangeur des autoroutes 13 et 40, dans l'ouest de la métropole.

Par ailleurs, le début des travaux de transformation du pont ferroviaire du Sud, qui donne accès à la gare Centrale de Montréal, entraînera aussi des fermetures en alternance sur plusieurs voies de circulation qui passent sous le pont, entre les rues Saint-Jacques et Wellington, à proximité des travaux routiers de l'autoroute Bonaventure, et ce, à l'entrée du centre-ville de Montréal.

La réhabilitation du pont ferroviaire du Sud, acheté au Canadien National (CN) pour la mise en place du REM, nécessitera ainsi une coordination étroite avec la Ville de Montréal. C'est la rue Saint-Maurice, déjà en chantier pour des travaux d'infrastructures, qui sera fermée en premier, à l'automne.

TITRES DE TRANSPORT GRATUITS

Les perturbations causées par les chantiers du REM risquent toutefois d'occasionner des problèmes plus immédiats, dès la rentrée, sur la ligne de train de Deux-Montagnes. Les travaux amorcés en avril sur cette ligne de train de banlieue ont déjà entraîné la disparition de tous les départs de week-end. Depuis juin, leur présence oblige de plus les opérateurs du train de banlieue à circuler sur une seule voie ferrée au lieu de deux, ce qui provoque des annulations de départs et des retards en série sur les trains qui circulent encore.

La situation a tellement dégénéré que le ministre des Transports, André Fortin, a annoncé la semaine dernière des réductions de tarifs de 30 % sur l'achat de titres mensuels ou annuels pour dédommager les usagers habituels de ce train de banlieue.

À l'occasion d'une séance de breffage sur les chantiers de la rentrée, hier, les partenaires de Mobilité Montréal ont clairement affirmé qu'on s'attendait à ce que la situation perturbe les déplacements d'un nombre encore plus grand d'usagers, avec l'augmentation d'affluence de la rentrée.

Dès ce matin, et jusqu'au 28 août, des employés du réseau Exo, qui exploite les trains de banlieue de la métropole, distribueront gratuitement sur les quais du train de Deux-Montagnes des titres TRAM bons pour 10 passages sur les autres réseaux de transports en commun, afin que les usagers « expérimentent » les services alternatifs mis en place pour compenser les ratés du service.

Ces mesures, qui comprennent notamment plusieurs circuits d'autobus pour amener les usagers vers la branche ouest de la ligne orange du métro, seraient sous-utilisées par les usagers habituels du train de banlieue.

Le réseau Exo encouragera aussi les usagers qui ne pourront pas monter à bord des trains surchargés de Deux-Montagnes, aux gares Canora et Mont-Royal, à utiliser le train de banlieue de Mascouche, qui se rend aussi à la gare Centrale et qui bénéficie d'une certaine réserve de capacité en périodes de pointe.

Une campagne de promotion d'envergure est prévue à la rentrée pour mieux faire connaître les autres mesures de mitigation implantées afin de compenser les retards et les annulations de départs qui minent les services de la ligne de Deux-Montagnes.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Une déviation devrait compliquer la convergence des véhicules sur l'autoroute 10, très achalandée dans le secteur du carrefour 10/30, en particulier pendant la période de pointe de fin d'après-midi.