Les amateurs de balle-molle qui tentent depuis plusieurs mois de sauver le terrain du parc Jeanne-Mance rasé en mai dernier ont entrepris une action en justice contre la Ville de Montréal, plaidant que la destruction de cette partie du site du patrimoine du Mont-Royal n'était «pas autorisée et [était] déraisonnable».

La requête en révision judiciaire, déposée vendredi dernier par six amateurs de softball représentant la communauté de joueurs, réclame que la Cour supérieure ordonne à la Ville de reconstruire le «terrain Nord» du parc Jeanne-Mance.

«Ce n'était pas du tout notre première idée d'aller devant la justice, mais après plusieurs démarches, la position de la Ville ne bougeait pas, alors on a décidé de remettre la décision en question devant la Cour», explique Marie-Claude Lacerte, l'un des requérants, également représentante de la communauté des joueurs.

La demande énonce que le parc où était aménagé le terrain fait partie du site du patrimoine du Mont-Royal. Selon la Loi sur le patrimoine culturel, peut-on lire, «nul ne peut, dans un site patrimonial déclaré ni dans un site patrimonial classé, diviser, subdiviser, rediviser ou morceler un terrain [...] ni ériger une nouvelle construction» sans l'autorisation du ministre de la Culture et des Communications. La destruction du terrain Nord n'était «pas autorisée et [était] déraisonnable», avancent les joueurs.

Rasé pour des raisons de sécurité



Le «terrain Nord» a été rasé en mai 2018, pour des raisons de sécurité, selon la Ville de Montréal. En 2016, une dame atteinte à la tête par une balle avait porté plainte contre la Ville et obtenu un dédommagement. Un «rapport balistique» utilisé par l'arrondissement venait confirmer que le terrain, non clôturé, était dangereux.

De plus, «l'aménagement de ce terrain de balle avait préalablement été conçu pour les enfants alors qu'il était utilisé par des équipes adultes, le rendant non sécuritaire, ajoute la Ville de Montréal, dans un courriel. L'espace disponible (superficie) ne permet pas la cohabitation de deux terrains de balle de niveau adulte».

Contre-arguments



Ces arguments «ne tiennent pas la route», selon Marie-Claude Lacerte. Il ne serait mentionné nulle part dans le «rapport balistique» que le terrain doit être fermé, mais simplement qu'une clôture, comme celle du deuxième terrain, rendrait la pratique des activités plus sûre, plaident les joueurs.

Ils affirment aussi que l'espace au parc Jeanne-Mance est suffisant pour deux terrains, ce que confirme l'Association des sports de balle à Montréal, un organisme mandaté par la Ville elle-même.

Le dossier étant maintenant judiciarisé, la Ville de Montréal n'a pas souhaité émettre de commentaire.

Une consultation publique est en cours pour déterminer l'avenir du «terrain Nord», mais la communauté de joueurs, qui participe à ces rencontres, ne se sent pas écoutée, rapporte Marie-Claude Lacerte.