La Ville de Montréal a payé pour des déchets provenant de la Rive-Sud. Le Bureau de l'inspecteur général (BIG) a résilié les contrats d'un entrepreneur après avoir découvert que celui-ci facturait à la métropole des matières résiduelles collectées dans certaines villes de banlieue.

L'arrondissement Verdun a déclenché une enquête en février 2017 sur l'entreprise Services Environnementaux Richelieu quand des responsables ont constaté qu'une collecte de déchets avait été effectuée en dehors des heures normales. Une opération de surveillance avait alors permis de constater que les camions ramassaient des ordures à l'extérieur de l'arrondissement montréalais et que ceux-ci étaient ensuite envoyés au site d'élimination en étant présentés comme des matières collectées sur l'île.

« Des opérations de surveillance menées par les enquêteurs du Bureau de l'inspecteur général ont permis de constater [...] des collectes de déchets effectuées à l'extérieur du territoire de la Ville de Montréal dont à Brossard, Longueuil, Saint-Basile-le-Grand et Carignan. Ces déchets ont été mélangés avec les déchets des résidants et des commerçants des arrondissements de Verdun et du Sud-Ouest et ont ainsi été déversés, éliminés et facturés au compte de l'agglomération de Montréal », peut-on lire dans le rapport d'enquête du BIG.

Services Environnementaux Richelieu effectuait la collecte des matières résiduelles à Verdun depuis 2008. L'entreprise avait remporté un appel d'offres pour effectuer ce travail pendant 10 ans, pour un montant total de 29,6 millions. La firme a aussi décroché un autre contrat récemment pour effectuer la collecte dans l'arrondissement voisin du Sud-Ouest, un contrat de 4,2 millions sur 43 mois.

Ces deux contrats ont été résiliés à la suite de l'enquête. Le BIG a dénoncé la situation l'Unité permanente anticorruption, ainsi qu'à l'Autorité des marchés financiers.

Ratés à la Ville

Le BIG souligne plusieurs ratés dans les façons de faire de la Ville qui ont contribué à faire perdurer cette situation. La balance utilisée pour peser les camions était souvent brisée. Il n'y avait pas de vérification systématique que la benne des camions était vide à son arrivée à Montréal. Et bien que les camions étaient équipés de GPS pour surveiller leurs allées et venues, les données n'étaient pas utilisées. Dans son rapport, le BIG écrit que les « mesures de contrôle prévues par la Ville n'ont pas été exercées avec rigueur ».

« Les faits rapportés par l'inspecteur général sont clairement inacceptables », a dénoncé le maire de Verdun, Jean-François Parenteau. L'élu, qui est d'ailleurs responsable des services aux citoyens, assure que les arrondissements ont modifié leurs façons de faire pour éviter que de telles situations se reproduisent.

Étrangement, le rapport du BIG a été diffusé tard dimanche soir sur son site Internet. Le résultat de ces enquêtes doit normalement être déposé lors des conseils municipaux de Montréal. Le prochain conseil est prévu le 26 mars, soit dans une semaine. Le rapport devait être déposé lors du dernier conseil, en février, mais avait été retiré de l'ordre du jour à la dernière minute pour une raison inexpliquée.