Un important complexe religieux de Lachine aura droit à une deuxième vie alors que les soeurs de Sainte-Anne ont décidé d'offrir leur maison mère en « héritage » à la communauté qui les accueille depuis près de 150 ans. À l'heure où les questions se multiplient sur l'avenir des ensembles conventuels, cette congrégation a préféré voir ses bâtiments convertis en logements communautaires plutôt qu'en tours de condos.

PAS DE TOURS DE CONDOS

Voyant leurs rangs peu à peu diminuer, les soeurs de Sainte-Anne travaillent depuis sept ans à assurer l'avenir de leur imposant complexe de la rue Provost, à Lachine. De nombreux promoteurs se sont manifestés pour acquérir ce terrain de 63 000 m2, soit l'équivalent de près de 12 terrains de football, mais leurs ambitions immobilières ne cadraient pas avec les valeurs de la communauté religieuse. « Il y en a qui souhaitaient remplir ça de condos et on ne voulait pas ça », confie soeur Madeleine Gaudet.

LE CHOIX DU COMMUNAUTAIRE

Après une longue réflexion, la congrégation a ainsi décidé de confier à l'organisme Bâtir son quartier, qui se spécialise dans les projets d'habitation sociale, le mandat de convertir sa maison mère en logements communautaires. Le projet, qui a obtenu le feu vert des élus de l'arrondissement hier soir, permettra l'aménagement de 350 unités, principalement destinées aux aînés. Les quelque 200 religieuses vivant encore dans le complexe pourront demeurer sur le site puisqu'un nouveau pavillon leur sera aménagé, dans la partie nord du terrain. Le projet permettra au passage de préserver le verger centenaire ainsi que l'ensemble des aménagements paysagers. « C'est comme un héritage pour Lachine. On a vécu longtemps là et on a été heureuses », se réjouit soeur Madeleine Gaudet.

NOUVELLE RÉSIDENCE POUR RELIGIEUSES

Le projet se déroulera en trois phases. La première prévoit la construction d'une nouvelle résidence pour les religieuses. Pour ce faire, on devra toutefois procéder à la démolition du garage et de l'entrepôt situés au nord du terrain. Pour assurer l'intégration de ce nouveau pavillon, on prévoit une facture architecturale contemporaine sobre qui sera compatible avec le bâtiment principal. Déjà, les soeurs prévoient que ce bâtiment reviendra également à la communauté lorsque les dernières d'entre elles s'éteindront. « À mesure qu'on va quitter, on aimerait bien que ce soient des laïcs qui puissent occuper les espaces », dit soeur Gaudet.

LOGEMENTS FAMILIAUX OU ÉCOLE

Après la construction de la nouvelle résidence pour religieuses, on prévoit entreprendre la transformation du bâtiment central. Le principal scénario envisagé prévoit l'aménagement de 79 appartements, dont près du tiers seront réservés aux familles. En effet, 25 logements auraient au moins 3 chambres. La moitié des autres unités compteraient deux chambres (38) tandis que les 16 autres en offriraient une seule. Scénario récemment évoqué, une école pourrait aussi occuper le pavillon central. Un scénario ou l'autre conviendra pour la congrégation, qui dit vouloir « ce qui va faire le mieux. Tant que ça sert à Lachine », résume soeur Gaudet. Chose certaine, la chapelle du Mont-Sainte-Anne qui se trouve au quatrième étage du bâtiment central demeurera en place afin de devenir un espace public.

ACCUEILLIR DES AÎNÉS

Dernière étape du projet, les deux ailes du complexe seront réaménagées pour accueillir des personnes âgées de 75 ans et plus. On en profitera pour aménager une autre aile de 8 étages. En tout, on prévoit aménager 250 unités de 1 ou 2 chambres à coucher. Le tout sera réalisé en vertu du programme AccèsLogis. Des aînés de moins de 75 ans pourront y avoir accès s'ils éprouvent des problèmes chroniques d'autonomie. La mairesse de Lachine se réjouit de voir le complexe converti en des logements communautaires. « C'est vraiment un bon projet. Ça répond à un besoin. On a une liste d'attente de 35 000 personnes à Montréal », dit Maja Vodanovic.

PRÉSENCE CENTENAIRE

Les soeurs de Sainte-Anne se sont implantées à Lachine en 1861. En 1900, la congrégation a fait l'acquisition de la ferme Allen pour y installer sa maison mère. Le pavillon central a été érigé en 1906, tandis qu'une deuxième aile a été ajoutée en 1936, puis une troisième en 1963. Le bâtiment principal a fait l'objet d'un énoncé d'intérêt patrimonial en raison de sa façade monumentale. Le Conseil du patrimoine de Montréal et le Comité Jacques-Viger ont donné un avis favorable au projet de conversion, qui sera néanmoins soumis à une consultation publique.