Un promoteur montréalais caresse le projet de contribuer à l'électrification de l'ensemble du parc québécois de l'industrie du taxi. Son idée? Importer au Canada le modèle e6 conçu par la multinationale chinoise BYD. Dès l'hiver 2018, Yung Cuong espère faire rouler dans l'île de Montréal 50 voitures de taxi électriques dans la phase pilote du projet.

Président des entreprises Taxi Para-Adapté et PAXI Technologies, M. Cuong a cofondé E-Taxi avec son fils, Fabien, en septembre dernier. L'homme d'affaires explique néanmoins travailler à l'élaboration d'une solution «pour prendre part à la mise en oeuvre de l'électrification des transports au Québec» depuis au moins trois ans.

«Mon but, c'est de participer à enlever des routes les plus grands pollueurs en ville», lance d'emblée M. Cuong. Sa solution réside dans l'importation d'un véhicule électrique conçu par BYD, une société décrite comme la «Tesla chinoise», qui possède un siège social en Californie depuis 2010. L'Américain Warren Buffett a d'ailleurs investi dans la multinationale en 2010.

M. Cuong a ciblé le modèle e6, qui offre une autonomie de 400 kilomètres, un avantage non négligeable, selon lui, alors que le nombre de bornes de recharge demeure limité au Québec. «Le modèle sera muni d'un chargeur qui permettra aux chauffeurs de charger à la maison. Ça permet aussi à Québec de ne pas installer tout de suite les bornes», indique-t-il.

Le projet d'E-Taxi a suscité l'intérêt de BYD, affirme M. Cuong. Dans une correspondance, la multinationale soutient que le modèle e6 est «le taxi entièrement électrique le plus vendu au monde» et explique avoir amorcé des démarches pour que le modèle recherché soit homologué par Transports Canada. BYD se dit aussi «prête à importer» le modèle e6 pour le tester.

BYD prévoit construire sa première usine d'assemblage au Canada, en Ontario, l'an prochain. Les installations les plus près du Québec se trouvent en Californie, où l'entreprise construit notamment des autobus zéro émission. C'est des États-Unis que proviendraient les 50 premiers véhicules que l'entreprise E-Taxi souhaite faire rouler à Montréal.

Selon E-Taxi, le prix négocié avec BYD pour une voiture électrique de modèle e6 destinée à l'industrie du taxi sera entre 60 000 et 62 000 $. Si elle parvient à importer les véhicules à Montréal, l'entreprise de M. Cuong prévoit s'entendre avec les entreprises de taxi montréalaises pour que leurs chauffeurs en fassent l'essai pendant un an, surtout pendant l'hiver québécois.

Aide de Québec

E-Taxi espère bénéficier d'un financement de Québec par l'entremise de son Programme de soutien à la réalisation de projets de démonstration de taxis électriques. «Selon nos données préliminaires, notre projet [...] impliquerait un soutien gouvernemental d'environ 2 millions sur un total d'environ 4 millions pour l'ensemble du projet», indique M. Cuong.

Un «effort financier» qu'il estime «modeste» dans le contexte où l'État cherche à atteindre la cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de 20% sous les niveaux de 1990, à l'horizon 2020. Au Québec, l'industrie du taxi et ses quelque 8000 véhicules émettent de cinq à six fois plus de GES qu'un véhicule personnel.

«Nous, on est prêts. On attend juste l'engagement du gouvernement, à savoir : que fait-on après si le projet pilote est concluant?», demande M. Cuong.

Son entreprise espère aussi que Québec fera passer de 7000 à 15 000 $ la subvention offerte pour l'achat d'un véhicule électrique et qu'il augmentera à 1000 $ le soutien pour l'achat d'une borne de recharge de 240 volts à domicile.

Le ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l'Électrification des transports confirme que le «dossier» soumis par M. Cuong est «actuellement sous analyse». Hydro-Québec s'est aussi dite prête «à soutenir l'initiative» d'E-Taxi «sur le plan technique». En décembre, le promoteur a également rencontré des représentants du cabinet de la ministre de l'Environnement.

Les véhicules de BYD roulent dans 36 pays répartis sur cinq continents. Le premier véhicule chinois e6 a été testé au Québec pendant une semaine en septembre 2016 par le Centre de gestion de l'équipement roulant du gouvernement québécois. BYD n'a pas répondu à nos courriels.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

L'entrepreneur Yung Cuong et son fils Fabien Cuong.