Lors d'un point de presse en avril dernier, le maire Denis Coderre avait déclaré que le coût total de la course de Formule E graviterait autour de 24 millions de dollars. Or, à une semaine de l'évènement, cette somme a déjà été atteinte.

Dans un courriel envoyé à La Presse, une porte-parole de la Ville de Montréal, Marie-Ève Courchesne, a confirmé que « depuis septembre 2015, la Ville a déboursé environ 24 millions de dollars pour l'évènement » qui aura lieu les 29 et 30 juillet dans les rues de la métropole.

Mme Courchesne a toutefois précisé que certaines sommes engagées sont étalées sur plusieurs années. La Ville de Montréal doit présenter l'évènement pendant trois ans et dispose d'une option pour trois années subséquentes.

La Ville a prévu une marge de crédit de 10 millions pour les surplus. Les organisateurs n'écartent pas la possibilité d'avoir recours à cette garantie.

« Bien sûr que cela est possible, a dit Simon Pillarella, directeur général de Montréal c'est électrique, l'OBNL chargé d'organiser cet évènement. Nous voulons créer un happening qui va revenir. »

Les Montréalais ont découvert il y a quelques jours que l'achat des murets servant à ceinturer le tracé représente une dépense de 7,5 millions. À cela s'ajoute un contrat d'environ 9 millions (sur trois ans) attribué à la firme Techline pour le montage et le démontage de la piste.

Les coûts d'asphaltage du circuit sont de 4,5 millions. La firme Demix Construction, chargée de ces travaux, a également reçu deux autres contrats : 450 000 $ pour des « services en génie » et 250 000 $ pour des travaux de « contrôle qualitatif ».

UN STATIONNEMENT RÉASPHALTÉ

Un aspect de ces travaux semble être un sujet épineux pour la Ville et les organisateurs. Une partie du stationnement de Radio-Canada, adjacent à l'avenue Papineau, servira aux exposants et aux paddocks. Le stationnement, qui a été débarrassé de son asphalte au mois de mai dernier pour le début des travaux de la future Maison de Radio-Canada ainsi que pour des fouilles archéologiques, a dû être en partie réasphalté pour accueillir les installations de la Formule E.

Y a-t-il eu un bris de communication entre la société d'État et la Ville de Montréal ? Combien a coûté ce réasphaltage ? Les différentes parties impliquées dans ce dossier n'ont pas voulu répondre aux questions de La Presse, se contentant de se renvoyer la balle.

« On ne peut pas dévoiler toutes nos dépenses pour le moment », a dit Simon Pillarella.

244 000 $ POUR DES ESPACES DE STATIONNEMENT

Dans un reportage publié hier, nous affirmions que 1698 places de stationnement ont été réservées, dont 803 sont destinées à des résidants incommodés par la présence du circuit. Des chiffres fournis par la Ville montrent que cette location coûtera au total 244 000 $.

Ces dépenses pour répondre aux besoins de certains résidants s'ajoutent à l'argent qui sera versé aux commerçants de la rue Ontario. Forcés de démonter leur terrasse pour permettre l'installation du tracé, les propriétaires de bars et de restaurants qui en feront la demande pourront obtenir une somme pouvant atteindre 2000 $ afin de les aider à couvrir les frais de démontage et de remontage de leur structure.

Par ailleurs, la Ville de Montréal a déboursé 1,5 million pour obtenir les droits de la course de Formule E. Une somme de 150 000 $ a aussi été nécessaire pour présenter et défendre la candidature de Montréal et une autre de 225 000 $ pour assurer les frais « d'inspection et d'accompagnement dans le processus d'homologation ».

Les chiffres obtenus par La Presse s'élèvent à environ 16 millions de dollars. À cela s'ajoutent les coûts liés au contrat avec la firme evenko, chargée de la promotion et de l'organisation des activités connexes de la course, ainsi qu'à celui avec les promoteurs de la Formule 1. Les détails de ces ententes ne peuvent être dévoilés, selon la direction de Montréal c'est électrique.

LE BOUC ÉMISSAIRE

Devant ces chiffres, le directeur général de Montréal c'est électrique, Simon Pillarella, a tenu à rappeler l'importance d'un tel évènement pour la Ville de Montréal.

M. Pillarella est conscient des ennuis que cet évènement cause aux citoyens et aux commerçants. Mais il croit qu'il est devenu une sorte de bouc émissaire pour les médias et le public. « On est un peu victimes là-dedans, car il y a énormément de choses cet été au centre-ville. Et on est devenu une cible pour l'ensemble des évènements. »

Plusieurs activités touchant l'électrification des transports auront lieu durant cet évènement. Simon Pillarella croit que c'est ce que l'on devrait retenir. « C'est dommage qu'on ne parle pas de la direction que la Ville veut prendre. C'est très innovant, ce qu'on tente de faire avec cela. Il y a une vraie vision pour promouvoir l'électrification des transports. Malheureusement, les visiteurs vont découvrir cela uniquement le premier jour de l'évènement. Pour le moment, on a une mauvaise presse qui n'est pas du tout justifiée. »

La tenue de la course de Formule E à Montréal bénéficie d'une commandite de 850 000 $ d'Hydro-Québec.

Les dépenses de la Formule E

150 000 $ pour les frais de mise en candidature (Formula E Holding Limited)

250 000 $ pour Montréal c'est électrique

1,5 million pour les droits de la course (FIA)

226 155 $ pour les frais d'inspection et d'accompagnement dans le processus d'homologation auprès de la FIA (ASN Canada FIA)

8 996 755 $ pour le montage et le démontage de la piste ; contrat d'une durée de trois ans, renouvelable pour trois autres années (Entreprise Techline)

7 525 502 $ pour les murets de protection (Deric Construction)

244 030 $ pour 1698 places de stationnement, dont 803 pour les résidants

4 416 598 $ pour divers travaux de voirie (Demix Construction)

454 151 $ pour des services en génie et en structure (Demix Construction)

250 000 $ pour des travaux de « contrôle qualitatif » (Demix Construction)