Le conflit entre les employés municipaux et la Ville de Montréal a pris une nouvelle tournure dans les casernes.

La Ville a entamé la semaine dernière le nettoyage des camions tapissés d'autocollants en signe opposition au projet de loi sur les régimes de retraite, a appris La Presse. Sauf que ces mêmes camions «nettoyés» par un sous-traitant sont ensuite tapissés à nouveau par les pompiers.

L'initiative de la Ville frustre le président de l'Association des pompiers de Montréal. Ronald Martin trouve aberrant que la métropole gaspille temps et argent pour le lavage des camions. «Si les véhicules sont lavés, on va coller d'autres autocollants dessus, c'est tout» affirme-t-il.

Le représentant des pompiers croit même que la mesure pourrait faire augmenter le délai de réponse de ses hommes. En effet, le lavage, effectué de soir, place les camions en situation « hors service », et donc indisponibles pour répondre à des appels d'urgence. En temps normal, ce sont les pompiers eux-mêmes qui s'en occupent, ayant ainsi la marge de manoeuvre pour interrompre leur travail à tout moment.

Le Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) n'a pas voulu nous accorder d'entrevue. Dans un courriel laconique envoyé à La Presse, il a simplement souligné que seulement une dizaine de véhicules sont lavés chaque soir. Le SIM dit «ne pas pouvoir dépasser ce nombre étant donné qu'il ne peut mettre tous les véhicules hors service en même temps». Outre ses éléments, le président du syndicat des pompiers allègue également que le travail effectué «endommage les camions de pompier».

Le service d'incendie de Montréal, mandaté par la Ville, a engagé une entreprise spécialisée pour laver les camions tapissés d'autocollants «On n'a rien volé (nous)» et «libre négo» qui expriment l'opposition des syndiqués au projet de loi 3.

Des 30 camions nettoyés, au moins 20 sont maintenant recouverts d'autocollants.

Et ces autocollants ne sont pas illégaux, croit le président du syndicat, qui cite entre autres le Conseil des services essentiels, qui aurait par le passé rendu des décisions favorables sur cette question en situation de conflit.

Du côté de la Ville de Montréal, le directeur des communications de Denis Coderre, Louis-Pascal Cyr, affirme que l'initiative n'est pas une question de sécurité, mais plutôt de principe. «Quand ça vient toucher le matériel payé par les contribuables, ce n'est pas acceptable», dit-il. Il affirme de plus qu'une entreprise de nettoyage a également été engagée pour retirer les autocollants des voitures de police, et que les syndicats représentant les policiers et les pompiers seront facturés pour ce travail. Les responsables n'ont toutefois pas été en mesure de chiffrer les coûts de cette opération, qui est toujours en cours.